Benoît XVI souligne «l’urgence de redécouvrir la Parole de Dieu»
Rome: Publication de l’exhortation «Verbum Domini»
Rome, 11 novembre 2010 (Apic) L’Exhortation apostolique Verbum Domini de Benoît XVI souligne l’urgence pour l’Église d’annoncer la Parole de Dieu, en particulier en vue d’une nouvelle évangélisation face à un sécularisme diffus. Un long document publié le 11 novembre, un peu plus de 2 ans après le Synode des évêques consacré à la Parole de Dieu.
Sur plus de 200 pages, Benoît XVI invite ainsi les évêques, le clergé, les personnes consacrées et les laïcs à «redécouvrir le caractère central de la Parole divine dans la vie chrétienne». Cette redécouverte, explique précisément le souverain pontife, permettra d’entreprendre une «nouvelle évangélisation, surtout dans les pays où l’Evangile a été oublié ou souffre de l’indifférence du plus grand nombre en raison d’un sécularisme diffus». En substance, Verbum Domini souligne donc combien il est nécessaire de «redécouvrir toujours davantage l’urgence et la beauté d’annoncer la Parole».
Ainsi, Benoît XVI exhorte tous les catholiques à l’annonce explicite de la Parole de Dieu, il souhaite un véritable élan missionnaire et encourage à prendre «les moyens les plus efficaces pour la proclamer, même au risque de la persécution». Si les fidèles ne doivent pas avoir peur de ses persécutions, le pape rappelle que l’Église n’a de cesse d’élever sa voix «pour que les gouvernants des nations garantissent à tous la liberté de conscience et de religion, tout comme celle de pouvoir témoigner publiquement de sa propre foi».
Au fil de cette Exhortation apostolique, s’il évoque le génie féminin, Benoît XVI ne répond cependant pas aux quelque 250 Pères synodaux réunis au Vatican en octobre 2008 et qui avaient souhaité élargir aux femmes le ministère institué de lecteur, aujourd’hui réservé aux hommes, plus généralement à ceux se préparant au sacerdoce. Parmi les 55 propositions finales faites au pape par le Synode des évêques, celle-ci avait reçu la plus faible majorité de votes, mais particulièrement retenu l’attention.
Homélies : Plus de «divagations inutiles»
Fort de l’attention que le synode a donnée au thème de l’homélie, Benoît XVI souligne une fois encore qu’il est nécessaire d’en améliorer la qualité. «On doit éviter les homélies vagues et abstraites, qui occultent la simplicité de la Parole de Dieu, comme aussi les divagations inutiles qui risquent d’attirer l’attention plus sur le prédicateur que sur la substance du message évangélique», demande ainsi le souverain pontife. Et de souhaiter, comme cela avait été demandé au synode, un Directoire sur l’homélie qui permette aux prédicateurs de trouver «une aide précieuse pour se préparer à l’exercice de leur ministère».
D’un point de vue pratique, le pape souligne encore que, lors des célébrations liturgiques, «les lectures tirées de la Sainte Écriture ne doivent jamais être remplacées par d’autres textes». Il demande aussi que les chants choisis lors des célébrations soient ceux qui sont clairement inspirés par la Bible, notant qu’il serait bon de mettre en valeur les chants de la Tradition de l’Église, en particulier le chant grégorien.
Dialogue interreligieux et sectes
«Je désire réaffirmer encore une fois combien le dialogue avec les juifs est précieux pour l’Église», affirme Benoît XVI en paraphrasant les Pères synodaux. Entre chrétiens et musulmans, il demande par ailleurs que se poursuivent et se développent des rapports inspirés par la confiance. Dans ce cadre, il encourage en particulier l’approfondissement de thèmes comme le respect de la vie ou celui des «droits inaliénables de l’homme et de la femme et de leur égale dignité».
Dans cette Exhortation apostolique post-synodale, le pape affirme également que l’animation biblique doit permettre de faire face à «la prolifération des sectes qui répandent une lecture déformée et instrumentalisée de la Sainte Écriture». Il pointe ainsi par ailleurs la «lecture fondamentaliste» de la Bible, attirant l’attention «sur ces lectures qui ne respectent pas la nature authentique du texte sacré, favorisant des interprétations subjectives et arbitraires». Dans la même veine, Benoît XVI met en garde contre les révélations privées du Christ et prévient : «aucune nouvelle révélation publique ne doit plus être attendue».
Exégèse et Concile
Dans Verbum Domini, le pape développe également un thème qui lui est cher : le péril du dualisme entre exégèse et théologie. Il évoque ainsi d’une part une exégèse qui se limiterait à la méthode historico-critique et deviendrait une herméneutique sécularisée qui ramène tout à la dimension humaine, et d’autre part une théologie qui s’ouvrirait «à la dérive d’une spiritualisation du sens des Écritures». Le pape théologien souhaite alors, une énième fois, un dialogue harmonieux entre «foi et raison».
Enfin, dans ce texte résolument conciliaire, Benoît XVI souligne en particulier que «la réforme voulue par le Concile Vatican II a montré ses fruits en élargissant l’accès à la Sainte Écriture qui est abondamment proposée».
L’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini porte la date du 30 septembre 2010, fête de saint Jérôme (vers 347-420), connu en particulier pour ses traductions en latin de la Bible. Le nom de ce document magistériel est tiré, comme de tradition, de l’Incipit (les premiers mots) du texte : «La parole du Seigneur…»
Du 5 au 26 octobre 2008, Benoît XVI avait présidé au Vatican un synode des évêques consacré à la Parole de Dieu, en présence de quelque 250 Pères synodaux (cardinaux et évêques), et de près de 80 experts ou auditeurs. Ce synode était le deuxième de son pontificat, le premier qu’il ait lui-même convoqué. (apic/imedia/ami/amc)