Issu d’une vieille famille d’agriculteurs de la Basse Bavière
Biographie du nouveau pape Benoît XVI
Né le 16 avril 1927 à Markti am Inn, un village de Haute-Bavière dans le diocèse de Passau, Joseph Ratzinger est le fils d’un officier de police, issu d’une ancienne famille d’agriculteurs de Basse Bavière. Il est mobilisé dans les services auxiliaires antiaériens vers les derniers mois de la seconde guerre mondiale, alors qu’il est séminariste.
Après la guerre, il poursuit ses études de philosophie et de théologie à l’Université de Munich et au séminaire de Freising, en Bavière toujours, à un moment de grande effervescence intellectuelle dans les cercles catholiques allemands. Ordonné prêtre en 1951, il obtient deux ans après un doctorat en théologie, avec une thèse sur l’ecclésiologie de Saint Augustin.
Après une année de travail paroissial, au cours de laquelle il sillonne Munich à bicyclette, il devint l’un des plus jeunes et des plus populaires professeurs de théologie d’Allemagne, en enseignant à partir de 1957, notamment comme professeur de dogmatique et d’histoire des dogmes, dans différentes universités, à Bonn, Münster, Tübingen et Ratisbonne. Il sera d’ailleurs vice-président de l’université de Ratisbonne.
Conseiller du cardinal Frings à 35 ans
Il devient ensuite le conseiller du cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, alors qu’il a à peine 35 ans. Il l’aide à préparer ses interventions pour le Concile Vatican II. L’un de ces discours concerne la nécessité de la réforme des méthodes du Saint-Office, qui deviendra plus tard la Congrégation pour la doctrine de la foi. dont il sera lui-même préfet sous le pontificat de Jean Paul II.
En attendant, s’il est à l’époque un fervent partisan des réformes, il commence toutefois à s’inquiéter, à partir de 1968, de l’esprit de contestation qui gagne les facultés de théologie. Il est de plus en plus préoccupé, en particulier, devant l’intérêt croissant pour le marxisme de plusieurs théologiens allemands. Il se sépare alors des théologiens avec qui il a fondé la revue internationale de théologie Concilium, et fonde, avec d’autres théologiens influents de Vatican II, la revue Communio, qui voudrait promouvoir ce qu’ils considèrent comme une interprétation plus authentique de Vatican II. Au milieu de ces controverses, Joseph Ratzinger écrit une «Introduction au christianisme», à partir des cours qu’il a donnés en 1967 à Tübingen. Un essai moderne dans son style et dans son traitement des questions théologiques, philosophiques et bibliques.
Archevêque de Munich-Freising
En 1977, il a cinquante ans lorsqu’il est nommé archevêque de Munich- Freising, par Paul VI, qu’il rencontre personnellement pour la première fois au mois de juin. Il est créé cardinal quelques mois plus tard. En 1977, lors de l’assemblée synodale sur la catéchèse, puis lors des conclaves de 1978, il fait la connaissance de Karol Wojtyla, avec qui il échange des livres depuis plusieurs années. Il est attiré par sa franchise et sa simplicité, son ouverture et sa cordialité, sa culture philosophique et théologique.
Peu après son élection, Jean Paul II propose à Mgr Ratzinger de venir à Rome comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celui-ci refuse, jusqu’à novembre 1981. Il arrive alors à Rome, après une nomination qui sera considérée comme la plus importante du pontificat, au niveau de la Curie.
Dans le cadre de cette fonction, le cardinal Ratzinger agit comme un théologien qui s’est confronté à la philosophie et à la théologie contemporaine.
Tous les vendredi soir, il travaille personnellement avec Jean Paul II, tandis qu’il déjeune avec lui le mardi, entouré d’autres théologiens, pour des discussions sur des questions générales : bioéthique, oecuménisme, théologie de la libération, etc. Par la suite, c’est lui qui dirige la rédaction du catéchisme de l’Eglise catholique, publié en 1992. Il travaille également, sur les questions de liturgie, qui le préoccupent beaucoup. Par ailleurs, en marge de sa fonction, il poursuit un travail personnel, qu’il traduit dans de nombreux livres, parmi lesquels «La Foi chrétienne, hier et aujourd’hui», et «Le sel de la terre», livre d’entretiens dans lequel il répond à des questions sur le christianisme et l’Eglise catholique au seuil du troisième millénaire.
Pendant le pontificat de Jean-Paul II, le cardinal a fait preuve de fermeté, par exemple en publiant en septembre 2001, la Déclaration «Dominus Iesus», qui a suscité des controverses par la fermeté de son rappel de l’unicité du salut apporté par le Christ. Il s’est également montré ferme face aux théologiens dissidents comme le Brésilien Leonardo Boff, l’un des fondateurs de la théologie de la libération, comme le Suisse Hans Küng, professeur à Tübingen, qui a été suspendu de tout enseignement par le Saint- Siège, ou comme le théologien jésuite Jacques Dupuis. Mais il est pourtant loin d’être un homme dur et autoritaire comme il est parfois décrit. Il est au contraire, pour ceux qui le connaissent personnellement, «d’une intelligence lumineuse», d’une «grande vie spirituelle», et «d’une réelle humilité». C’est en tous cas un homme fin, affable, souriant et attentionné. (apic/imedia/bb)