Polémique quant à son rôle

Brazzaville: Pierre Savorgnan de Brazza enseveli dans sa nouvelle sépulture à Brazzaville

Brazzaville, 3 octobre 2006 (Apic) Non sans polémiques, le corps de Pierre Savorgnan de Brazza devait être enseveli mercredi dans une nouvelle sépulture à Brazzaville, capitale de la République du Congo, dont le nom dérive de celui de l’explorateur italien, un des rares à s’être distingué positivement lors de la période sombre du colonialisme, estime l’Agence Misna. Des historiens africains pensent pour leur part qu’il demeurait un «agent du colonialisme».

La sépulture – transportée d’Algérie, où il fut enterré en 1905, ainsi que celle de son épouse et de leurs quatre enfants – sera placée dans un mausolée en marbre expressément construit dans la capitale congolaise en son honneur.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso et son homologue gabonais Omar Bongo Ondimba devaient participer à la cérémonie organisée à l’occasion du centenaire de la mort de l’explorateur, initialement prévue l’an dernier puis renvoyée.

Pierre Savorgnan de Brazza naquit le 28 janvier 1852 aux portes de Rome dans une famille originaire du Frioul; à 18 ans il entra dans la marine française et fut naturalisé français. Dès lors il dirigea plusieurs expéditions dans le continent africain en des lieux inexplorés, comme au Gabon (1863) qui devint une colonie française, où il fonda la localité de Franceville. Atteignant la rivière Congo en 1880, Brazza proposa au roi Makoko de Mbe des Tékés de placer son royaume sous la protection de la France; Makoko, poussé par des intérêts commerciaux et par la possibilité d’affaiblir ses rivaux, signa le traité le 3 octobre.

Apologie du colonialisme?

Makoko permit aussi un établissement français à Nkuna sur le Congo, endroit appelé plus tard Brazzaville en l’honneur de Pierre Savorgnan de Brazza. Sa figure est unique dans l’histoire coloniale de l’Afrique: contrairement à la grande majorité des explorateurs et des fonctionnaires européens envoyés dans le continent noir, Brazza a instauré un autre type de rapport avec les Africains, basé sur la confiance réciproque et non pas sur l’occupation violente. On raconte qu’il achetait des esclaves pour les libérer et prônait la voie du dialogue, de la diplomatie et du commerce, faisant construire aussi des hôpitaux dans les territoires où il menait ses missions.

D’après ses partisans gabonais et congolais, son inhumation à Brazzaville est une reconnaissance due à un «homme de paix». En revanche, un groupe d’académiciens de plusieurs universités du Congo RDC et du Congo Brazzaville s’y opposent. Pour l’historien gabonais Ratanga Atoz, cette initiative représente une «apologie du colonialisme faite par les colonisés» car «Brazza n’était qu’un agent de l’impérialisme colonial, certes moins brutal que les autres». (apic/misna/pr)

3 octobre 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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