Près de 5’000 esclaves des temps modernes libérés en 2003

Brésil: 105 ans après son abolition, l’esclavage revient en force dans le pays

Brasilia, 11 février 2004 (Apic) Le nombre d’esclaves «utilisés» comme main d’oeuvre au Brésil, souvent dans de grosses exploitations de puissants propriétaires fonciers, ne cesse de grandir au Brésil. Près de 5’000 esclaves ont ainsi été libérés l’an dernier. Soit autant que les esclaves rendus à la liberté depuis 1995.

En 2003, indique la Commission pastorale de la Terre (CPT), de la Conférence des évêques brésiliens, 4’735 «captifs», esclaves des temps modernes, ont été délivrés. Ce qui porte à 9’263 le nombre de personnes libérées ces 8 dernières années, de 1995 à 2003.

115 ans après son abolition, l’esclavage au Brésil ne cesse d’augmenter, provoquant l’inquiétude de la CPT, mais aussi des organisations oeuvrant pour les droits de l’homme. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’entre 25’000 et 40’000 personnes composent aujourd’hui au Brésil l’effectif de la main d’oeuvre esclavagiste. Et ce chiffre, dit-on au pays du football et de la samba, pourrait bien être l’arbre qui cache la forêt.

Toujours d’après la CPT, la moitié (49,2%) des personnes libérées dans le courant 2003 étaient utilisées dans l’Etat du Para, dans le nord du pays où, précisément, ont éclaté la majorité des conflits liés au travail et à l’esclavage des temps moderne. En particulier, note un rapport de la CPT, dans les municipalités de Maraba, Redençao, Xinguara et Parauapebas qui composent la région appelée «Terre de la peur», zone franche dans laquelle on extrait le bois en toute illégalité et en toute impunité.

Et malheur à qui voudrait s’attaquer aux «négriers des temps modernes» ou autres prédateur du milieu naturel. Un juge qui avait condamné l’an dernier la pratique de l’esclavage a reçu des menaces de mort, avant d’être empêché de retourner dans sa localité sur décision de justice. (apic/adital/pr)