Au Brésil, certains voudraient étendre le port d'armes (Photo d'illustration:brian.ch/Flickr/CC BY 2.0)
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Brésil: Les évêques s'élèvent contre l'extension du port d'armes

Le conseil permanent de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a récemment critiqué plusieurs projets d’amendements de la Constitution. Les textes menacent en particulier la démarcation des terres indigènes, demandent une réduction de la majorité pénale ou encore une extension du port d’armes, des thèmes actuellement débattus au Parlement.

«La vie socioéconomique et la politique brésilienne passent par des turbulences qui ne doivent pas être utilisées pour dévier notre attention de différents projets de loi», note la CNBB. Dans un communiqué signé par Mgr Sergio da Rocha, archevêque de Brasilia et président de la CNBB, les prélats mentionnent trois lois ou propositions d’amendement de la Constitution (PEC) jugées «particulièrement inquiétantes».

 Atteintes aux droits des indigènes

La CNBB a ainsi qualifié la PEC 215 de «coup mortel» aux droits des peuples indigènes et des quilombos, des anciens esclaves ayant créé des communautés clandestines. Cette proposition d’amendement a pour objectif de transférer du pouvoir exécutif vers le législatif les compétences de démarcation des terres indigènes. La démarcation des terres des peuples indigènes du Brésil est un droit reconnu par l’article 231 de la constitution brésilienne de 1988.

Les évêques soulignent que les textes incluent une série d’autres dispositions ayant comme objectif de supprimer le droit des peuples indigènes à accéder à leurs territoires traditionnels. La PEC a d’ailleurs été considérée comme anticonstitutionnelle par divers juristes, organisations de la société civile et même par le procureur général de la République. Pour la CNBB, la «soif de profit de l’agrobusiness et les grands projets ne peuvent pas primer sur le droit des peuples indigènes, reconnus par la Constitution fédérale».

Quant aux parlementaires, la Conférence épiscopale les appelle à unir leurs forces pour mettre un terme aux conflits et à la violence chronique perpétrés contre les indigènes du Brésil. «C’est un devoir des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire de joindre leurs efforts pour mettre fin aux conflits et à la violence qui ont déjà volé tant de vies».

 Les jeunes en ligne de mire

Parmi les autres sujets de préoccupation des évêques, figure la PEC 171/1993 qui propose une réduction de l’âge de la responsabilité pénale de 18 à 16 ans. «Prétendre que la prison pour les adolescents en infraction est une solution pour résoudre la violence dans le pays revient à attribuer aux jeunes la responsabilité d’une situation dans laquelle ils sont davantage victimes que responsables», soulignent les évêques. Dans le communiqué, la CNBB rappelle que sur 56’000 victimes d’homicides en 2012, 30’000 ont été des jeunes, dont 77% des noirs. «Parier sur des mesures socio-éducatives, sur des politiques publiques pour la jeunesse et sur le renforcement de la famille, avec une éducation et une meilleure qualité de vie, est le chemin le plus efficace pour mettre fin à la violence», affirme le communiqué.

 La menace des armes

Un autre point considéré comme «extrêmement dangereux pour la société» est le projet de loi 3722/2012 qui permettrait d’étendre le droit du port d’armes au Brésil, aujourd’hui très limité. «Qui cela intéresse-t-il d’armer la population? Qui gagne de l’argent avec la vente d’armes?», s’interrogent les évêques. Pour ces derniers, faciliter l’accès aux armes revient à nourrir la fausse idée que la sécurité réside dans l’armement des personnes, même si cela doit passer par une augmentation des homicides. Pour la CNBB, au contraire, il est nécessaire de promouvoir une culture de la paix et de la non violence et d’investir dans des politiques publiques efficaces pour toute la population. (cath.ch-apic/jcg/rz)

Au Brésil, certains voudraient étendre le port d'armes (Photo d'illustration:brian.ch/Flickr/CC BY 2.0)
20 juin 2016 | 14:55
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
armes (36), Brésil (389), Peuple indigène (3)
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