Empêché de parole lors d’un forum franciscain
Brésil: L’archevêque Joao Braz de Aviz a mis la pression contre Leonardo Boff
Brasilia, 19 décembre 2008 (Apic) L’archevêque de Brasilia a fait usage d’une telle pression qu’il a fini par empêcher le théologien de la libération d’intervenir lors d’un forum de la Famille franciscaine, le 18 octobre à Brasilia. L’information a été confirmée le 19 décembre à l’Apic par le capucin Anton Rotzetter, président du Cours fondamental sur le charisme missionnaire franciscain (CCFMC).
Le programme de la manifestation prévoyait une intervention de Leonardo Boff, dans le cadre du 800e anniversaire du Mouvement franciscain, sur la responsabilité des êtres humains dans la sauvegarde de la création. Si le théologien de la libération ne se désistait pas, l’archevêque Joao Braz de Aviz avait annoncé qu’il renoncerait à participer à l’eucharistie finale du forum.
De plus, le prélat avait téléphoné aux évêques franciscains pour leur demander de ne pas participer à la rencontre. Finalement, l’archevêque Braz de Aviz avait affirmé aux organisateurs que si l’intervention de Leonardo Boff était maintenue, ils devaient s’attendre à voir leur école franciscaine avec ses 2’300 élèves se fermer.
Bouches collées et mains liées
Les organisateurs ont dû se résigner à renoncer à l’intervention de Leonardo Boff. Durant la messe finale, les participants ont cependant exprimé leur désapprobation en se tenant cinq minutes en silence, la bouche collée et les mains liées. Un texte a été lu pour dénoncer «l’abus de pouvoir» de l’archevêque de Brasilia.
Leonardo Boff «est un homme libre qui, avec sa théologie et son témoignage, a fait naître en nous le rêve de voir l’Eglise vivre d’une autre manière». Il s’est engagé pour une Eglise qui «lutte en faveur de la justice, qui reste attachée à la vérité, et vit la liberté et l’amour avec toutes les conséquences qui peuvent s’ensuivre», ont affirmé les organisateurs dans leur message. Poursuivant: L’Eglise de Jésus est «menacée de ruines» par «l’abus de pouvoir et la profanation de la communauté».
Auteur de plus de soixante ouvrages, Leonardo Boff, âgé de 70 ans, avait dû accepter en 1985 une période de «silence» d’un an, la Congrégation pour la doctrine de la foi ayant repéré des «tendances dangereuses pour la doctrine de l’Eglise» dans son livre «Eglise: charisme et pouvoir». Elle lui reprochait plus particulièrement d’être trop proche du marxisme. La Congrégation lui avait ensuite interdit toute publication. Il quitta le sacerdoce franciscain en 1992. (apic/job/bb)