Brésil: la CNBB analyse le phénomène des sectes (230491)

Brasilia, 23avril(APIC) Quatre facteurs expliquent la montée des sectes

au Brésil: leurs dimensions mondiale, socio-économique, culturelle et religieuse. C’est ce qu’a déclaré Mgr Antonio Celso de Queiroz, évêque auxiliaire de Sao Paulo et Secrétaire général de la Conférence Nationale des

évêques du Brésil (CNBB), dans une analyse faite à la fin du mois de mars

devant des journalistes à Brasilia.

Il y a d’abord une dimension mondiale du phénomène, car le Brésil et

l’Eglise catholique n’ont pas le monopole de l’apparition et du développement grandissant de «mouvements religieux indépendants». Les sectes existent dans tous les pays du monde, riches ou pauvres, en Europe, en Afrique

et en Asie. Beaucoup d’adeptes des sectes sont sortis aussi des Eglises

protestantes et orthodoxes ou des grandes religions musulmanes et bouddhistes.

Le secrétaire général de la CNBB a ensuite montré la dimension socioéconomique du phénomène. Les sectes vendent du bonheur avec un fort accent

émotionnel à travers la radio et la télévision en promettant que la participation sincère à la «nouvelle religion» résoudra tous les problèmes personnels, sociaux, politiques et économiques. Pour cette raison, une grande

partie des partisans des sectes proviennent de la population pauvre, car

elle manque justement de santé, de travail et de logements dignes.

Pourquoi les sectes séduisent?

Il ne faut pas non plus négliger l’aspect culturel qui est une des causes principales de la séduction que représente l’adhésion à une secte. Cette dernière en général offre des expériences nouvelles à des personnes qui

vivent une crise culturelle qui rend moins attirantes les valeurs traditionnelles et les institutions historiques. Dans un moment où justement ces

personnes recherchent un espace de liberté et de bonheur immédiat, choses

qu’elles n’ont pas encore rencontrées, ni dans la famille, ni à l’école, ni

à l’église, ni dans la société.

Enfin, a rappellé Mgr Antônio de Queiroz, n’oublions pas la dimension

religieuse. La secte répond souvent aux attentes de personnes d’origine rurale qui perdent dans la grande ville le rythme de la pratique religieuse

pratiquée autrefois dans les campagnes. La secte tire alors ces personnes

de l’anonymat religieux, sans qu’il soit nécessaire d’adhérer à un credo

rigoureux, ni à un code moral rigide. Les principales valeurs vécues dans

la secte, sont celle de la convivialité et de la proximité chaleureuse.

Pour le secrétaire général de la CNBB, tant qu’il existera des gens désespérés, sans travail, sans santé et sans logement digne de ce nom , il y

aura toujours des motifs pour que la «tente des miracles» des sectes ait un

grand pouvoir de séduction dans les structures injustes que vit la société

actuelle et cela dans le monde entier. Tant que l’Eglise n’adaptera pas son

langage au mode de vie de la majorité des gens ni n’offrira une présentation joyeuse et simple de sa catéchése et de sa liturgie, les sectes continueront à grandir dans le monde. L’Eglise a déjà adapté sa liturgie et sa

catéchèse pour répondre aux aspirations du peuple chrétien, mais il lui

reste encore du chemin à parcourir, estime Mgr Antônio de Queiroz. (apiccnbb/ba)

23 avril 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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