Brésil: Le nouveau président de la FUNAI permet l’exploitation sauvage des terres indiennes
Le CIMI dénonce vigoureusement «cette déclaration de guerre»
Brasilia, 2 mars 1999 (APIC) «Les chercheurs d’or et les amateurs de bois précieux en Amazonie doivent pouvoir librement exploiter les terres réservées aux Indiens». Cette déclaration incendiaire de José Marcio Panoff Lacerda, nouveau président de la Fondation nationale d’aide aux Indiens (FUNAI), organisation gouvernementale, suscite une forte polémique dans tout le Brésil. Le Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) qualifie cette prise de position «de très dangereuse».
Le CIMI, lié à la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), estime que le nouveau président de la FUNAI vient de faire une véritable «déclaration de guerre» aux Indiens. En écoutan sa première déclaration aux médias, nous avons eu l’impression «qu’un ennemi des peuples indiens» se trouvait maintenant à la tête de la FUNAI. Il donne ainsi un appui manifeste aux députés les plus réactionnaires du parlement qui placent leurs intérêts économiques avant le respect de la dignité des Indiens.
Selon le nouveau président de la FUNAI, – qui remplace Sulivan Silvestre de Oliveira tué au début février dans un accident d’avion à Goiania – sa manière de voir a déjà été évoquée au parlement de Brasilia. L’interdiction pure et simple d’exploiter les terres indiennes aurait, à ses yeux, pour conséquence de développer la contrebande et d’augmenter la recherche clandestine de l’or.
Le CIMI déclare avoir encore d’autres motifs pour se méfier du 24e président de la FUNAI : «Le passé du frère du nouveau président, un député de l’Etat du Mato Grosso, José Lacerda confirme le malaise ressenti. Cet homme fut le principal politicien qui a appuyé publiquement en 1996 l’invasion brutale et massive des chercheurs d’or dans le territoire Sararé, terre attribuée aux Indiens Nambikwara en 1996, et qui fut considérée comme un génocide culturel.
Tout en se disant favorable à la libre exploitation des terres des Indiens, le nouveau président trouve cependant indispensable la création de mécanismes légaux qui puissent garantir l’environnement. On pourrait éventuellement verser une aide financière aux pauvres Indiens.
Une attitude paternaliste qui révolte les membres du CIMI: «En évoquant d’abord les richesses des territoires convoités, pour faire ensuite une aumône aux Indiens, Lacerda commence lamentablement son mandat de président», conclut sèchement le Conseil indigéniste catholique. (apic/plp/ba)