Brésil: Le peuple indien «Patacho» occupe à nouveau le «Monte Pascoal»

«Nous ne faisons que rentrer chez nous !»

Eunapolis (Brésil), 15 septembre 1999 (APIC) Les Indiens «Patachos» vivant dans le sud de l’Etat de Bahia, au Brésil, viennent d’occuper le Parc national «Monte Pascoal». Créé en 1961, ce parc a été choisi par le gouvernement brésilien pour commémorer «la découverte» du Brésil par les Portugais en l’an 1500. Pour en faire aussi un haut-lieu touristique de la région.

Cette invasion s’inscrit dans une période d’ébullition sociale au Brésil: Partout, le mot d’ordre est transmis de bouche à bouche: «Il faut nous mobiliser !». Les paysans sans terre occupent les grandes propriétés rurales improductives, les descendants des esclaves noirs commémorent les «quilombos» (communautés rurales noires) pour revendiquer des titres de propriété, enfin les peuples indiens reprennent leur territoire traditionnel.

L’action d’éclat des Patachos a mis dans l’embarras les autorités locales et fédérales au moment où de grandes entreprises sont en train d’investir dans ce site qui doit accueillir les touristes attendus pour la commémoration de l’arrivée du navigateur portugais Pedro Alvares Cabral, en avril 1500.

Il y a huit jours, 400 Indiens – personnes âgées, enfants, jeunes et adultes confondus – ont occupé la région. Dans un document signé par les caciques de la tribu, ils affirment que plusieurs hameaux situés dans le périmètre du Parc national font partie de leur patrimoine. «Conscients que le Parc national se trouve sur notre terre, conformément à l’histoire de nos ancêtres, nous voulons commémorer à notre tour la mémoire de nos pères. Même la Constitution brésilienne nous donne raison. Nous nous voyons donc obligés de répondre aux manquements graves de l’Etat brésilien et de nos gouvernements qui ne se préoccupent nullement de notre situation.»

Réactions des autorités

Face à cette occupation sauvage, le ministre de l’Environnement, José Sarney Filho, a aussitôt réagi en disant craindre que les actions illégales des Indiens ne tournent de fait à la dévastation des forêts locales. Bien qu’il s’agisse d’un parc sous l’autorité fédérale de Brasilia, le gouverneur de l’Etat de Bahia, César Borges, demande le retrait immédiat des Indiens. Même les autorités de la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI) de la région prennent peur. Elles font des promesses pour amadouer les occupants: «Si vous vous retirez, nous vous offrirons des camions pour transporter vos produits». Mais les Indiens répliquent fermement: «Avant d’être le symbole de la découverte du Brésil, le «Monte Pascoal» est la première terre qui fut volée aux Indiens. Il est important de montrer au monde entier que nous avons été expulsés de notre terre. Nous ne faisons que rentrer chez nous».

Le Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) , lié à l’Eglise catholique, appuie l’occupation des Indiens patachos. «Il s’agit d’une décision historique et courageuse d’un peuple qui reprend sa terre volée autrefois. Les Patachos honorent aussi la mémoire de leurs pères et de leurs grands-pères qui en 1951 furent victimes d’un massacre barbare. Les survivants furent dispersés et furent obligés à vivre dans la misère et l’humiliation. Comme toujours en de pareils cas, les assassins ne furent pas inquiétés». (apic/plp/ba)

15 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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