Brésil: Leonardo Boff s’exprime positivement sur les premiers mois du pape Benoît XVI

«J’espère beaucoup de ce pape»

Bilbao, 4 novembre 2005 (Apic) Le théologien de la libération Leonardo Boff s’exprime positivement sur les premiers mois du pape Benoît XVI. Ce dernier, en tant que cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi, sanctionna à l’époque le religieux rebelle. L’ex-franciscain brésilien, qui quitta le sacerdoce en 1992 après ses divergences avec Rome, se dit plutôt optimiste dans une interview au journal basque «El Correo» de Bilbao et Vitoria.

Au lendemain de l’élection du pape Benoît XVI, Leonardo Boff n’était pourtant pas très tendre à son égard, déclarant à la presse brésilienne en avril dernier qu’il sera «difficile d’aimer le nouveau pape». Il estimait que si l’Eglise ne s’ouvrait pas au dialogue avec la science, les autres religions et Eglises , elle allait s’isoler, conduisant beaucoup de chrétiens critiques à la quitter.

Après 7 mois, Leonardo Boff constate avec satisfaction que le nouveau pape défend le Concile Vatican II et déclare: «J’espère beaucoup de ce pape». Lors de son passage au Pays basque, où il participe à une rencontre à Arantzazu organisée par la Fondation «Naturgintza», le théologien brésilien estime que les premières déclarations de Benoît XVI «vont dans la bonne direction».

Benoît XVI a «réassumé» le Concile Vatican II

Parlant de Jean Paul II, il relève que ce pape fut l’un des leaders clairement opposé à la guerre en Irak. Certes, poursuit-il, l’Eglise a également proclamé le respect des droits humains, bien qu’ils ne soient pas tellement respectés en son sein. Sous le règne de Jean Paul II, «140 théologiens ont été sanctionnés et je fus l’un d’eux». Il regrette également qu’il n’y ait pas tellement d’espace pour les femmes et que la voix de l’Eglise soit faible en ce qui concerne la question écologique. Mais il y a encore une autre tâche que doit assumer l’Eglise, ensemble avec les autres religions, avance-t-il, «c’est d’alimenter la dimension spirituelle de l’homme, qui est très faible aujourd’hui».

Concernant le nouveau pape, Leonardo Boff dit sa satisfaction que Benoît XVI ait «réassumé» le Concile Vatican II car il n’était pas sûr qu’il le ferait. La seconde satisfaction est de voir la décentralisation de l’institution, avec la revalorisation des Eglises locales, «quelque chose de très important parce que avec Jean Paul II, on a assisté à une centralisation extraordinaire, comme s’il était lui-même le seul évêque».

Le troisième motif de satisfaction est de voir le renforcement du dialogue interreligieux dans la perspective de la paix. «C’est une bonne base pour commencer. J’espère beaucoup du pape, qui est un théologien intelligent», poursuit-il. Et d’affirmer que l’on en saura davantage quand il publiera son encyclique, «qui sera la plate-forme politique de ce que sera son action». Rappelons que Joseph Ratzinger fut en 1970 à Munich l’un des experts de la thèse de doctorat de Leonardo Boff, avant de lui imposer dans les années 80 une année de silence. (apic/cor/be)

4 novembre 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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