Brésil: Les évêques brésiliens lancent la campagne de carême sur le thème de la drogue

Campagne de Fraternité 2001: «La vie oui, les drogues, non!»

Brasilia, 1er mars 2001 (APIC) A peine les lumières du carnaval éteintes, les évêques brésiliens ont lancé le 28 février, mercredi des cendres, leur traditionnelle campagne nationale de carême, choisissant cette année le thème de la drogue. La Campagne de Fraternité 2001, qui a pour slogan «La vie oui, les drogues, non!», veut attirer l’attention sur un phénomène social qui, pour l’Eglise brésilienne, «fait partie d’un système de mort, alimenté par un style de vie matérialiste».

Au Brésil, notent les responsables de la Campagne de Fraternité 2001, lancée le même jour au niveau national, régional, diocésain et paroissial, le poison de la drogue fauche des milliers de vie et affecte profondément les familles et de vastes secteurs de la société. Aux tragiques conséquences de l’usage des drogues s’ajoutent la violence sociale, la prostitution, les vols, le brigandage, les enlèvements, la corruption politique, l’atteinte à la dimension éthique du travail (un enfant qui vend de la drogue dans une favela gagne plusieurs fois le salaire de ses parents!) et la guerre entre trafiquants, qui disposent de véritables armées bien équipées, qui maintiennent les quartiers sous leur coupe.

La campagne de carême, une tradition qui existe au Brésil depuis 1964, dans le sillage du Concile Vatican II, se terminera le dimanche de Pâques, le 15 avril. Selon Mgr Raymundo Damasceno Assis, secrétaire-général de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), le choix du thème de la drogue part de la réalité brésilienne marquée par un «système de mort, alimenté par un style de vie matérialiste.»

Fruit d’une société matérialiste et individualiste et du marché néo-libéral

Le but de la Campagne de Fraternité, soutenue par la CNBB, est de rendre l’Eglise et la société plus sensibles aux ravages causés par la drogue, avant tout au sort des victimes de ce fléau. Il s’agit également pour l’Eglise brésilienne «d’annoncer pour le nouveau millénaire une société sans exclusions, de dénoncer avec courage et force l’hédonisme, le matérialisme et les styles de vie qui incitent facilement à prendre de la drogue, ainsi que les mécanismes sociaux du marché néo-libéral qui, avec son modèle de consommation insatiable, augmente la compétition et l’individualisme.»

Le taux d’assassinats a doublé au Brésil en moins de deux décennies

Les drogues ne sont pas seulement la cocaïne, l’ecstasy, le crack ou le cannabis, relève la CNBB. C’est également le tabac, les boissons alcooliques et les médicaments que l’on consomme de manière erronée ou à l’excès. Selon la CNBB, la question de la drogue n’est pas seulement un problème individuel. «C’est aussi une grave question sociale: le narcotrafic génère chaque année dans le monde environ 400 milliards de dollars de revenus – presque la moitié du PIB du Brésil. De 1980 à 1996, les assassinats, au Brésil, ont doublé, passant de 13 à 25 pour 100’000 habitants. Pour les jeunes de 15 à 19 ans, le taux d’assassinats monte même à 44,8 pour 100’000.»

La CNBB lance la «Pastorale de la Sobriété»

Cette année, la Campagne de Fraternité encourage l’engagement des agents pastoraux dans la «Pastorale de la Sobriété», créée par la CNBB pour aider les personnes et les communautés à vivre de manière sobre, sans excès. Dans ce contexte ont surgi dans tout le Brésil de nombreux centres de prévention, de traitement et de réinsertion sociale de toxico-dépendants liés à des groupes et des communautés catholiques. Rappelons que la «Pastorale de la Sobriété» a vu le jour suite à la 36e Assemblée générale de la CNBB, à Itaici, dans l’Etat de Sao Paulo, en 1998. La sollicitation d’une pastorale spécifique visant la prévention, les soins et la réhabilitation des toxico-dépendants, venant du Secteur Jeunesse de la CNBB, avait reçu une réponse favorable des 247 évêques présents à Itaici. Pour les évêques, qui ont lancé la «Pastorale de la Sobriété» et en ont fait une priorité, la sobriété justement n’est pas une simple absence d’alcool ou de drogues, «c’est une manière de vivre fondamentale pour toutes les personnes et toutes les catégories sociales.»

La CNBB, qui avait critiqué les débordements du carnaval, relève que la sobriété est tout à fait dans l’esprit de carême, période où l’on recommande le jeûne, l’abstinence, la pratique de la solidarité ainsi que le combat politique pour une société plus juste. (apic/cnbb/plp/be)

1 mars 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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