Le Brésil compte plus de 700'000 détenus (Photo:Jean-Claude Gerez)
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Brésil: la Pastorale carcérale dénonce les conditions de vie dans les prisons

Suite aux massacres ayant eu lieu ces dernières semaines dans des prisons brésiliennes, la Pastorale carcérale vient de publier une note dénonçant les conditions de vie des détenus.

Les 33 prisonniers massacrés le 6 janvier dernier dans une prison de l’Etat de Roraima, dans le nord du Brésil, ont marqué une nouvelle fois les esprits. Ces scènes de violence ont été rendues publiques à peine cinq jours après une mutinerie sanglante dans une prison de Manaus, en Amazonie, qui a coûté la vie à 56 détenus. Les violences y ont été inouïes. Des photos circulant sur des réseaux sociaux montrent notamment des corps amoncelés, la plupart décapités. Dans ces deux cas, comme dans de nombreux autres, les violences ont opposé des bandes rivales du crime organisé.

«Le système carcéral produit la mort»

La Pastorale carcérale, un organisme lié à la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), affirme que, malgré l’indignation nationale provoquée par les récents massacres, «le système carcéral continue de produire la violence, l’indignité et la mort». Pour l’entité créée en 1988, il est nécessaire que dans la conjoncture actuelle, «la population ne tombe pas dans le leurre des analyses simplistes et des mesures qui prétendent aplanir le terrain jusqu’à la prochaine vague de massacres. Il faut affronter les fondements du système et, plus que jamais, continuer à créer des liens véritables de solidarité avec les détenus et leurs familles».

6,7 fois plus de chances de mourir en prison que dehors

La Pastorale rappelle que ce sont au moins 379 détenus qui sont décédés de mort violente en 2016. Des chiffres qui proviennent de l’administration pénitentiaire et qu’elle estime elle-même largement en deçà de la réalité. L’organisme catholique regrette surtout que la gravité de la situation ne soit pas considérée comme une «crise» par les autorités. «Dans le système carcéral, pourtant sous la responsabilité de l’Etat, le taux de mortalité est 6,7 fois supérieur à celui qui existe à l’extérieur, rappelle les auteurs. Les situations de violation systématique des droits sont notoires et mentionnées de manière détaillée dans une infinité de rapports produits par des organisations gouvernementales et non gouvernementales. Les mises en garde et les recommandations n’ont d’ailleurs pas manqué ces dernières années pour alerter sur les risques d’atteintes à la dignité humaine, de violences et de mort auxquels les personnes incarcérées sont exposées.»

Plus d’un million de Brésiliens sous tutelle pénale

La Pastorale carcérale s’insurge également du traitement médiatique de ces massacres. «La guerre des gangs, résumée en une histoire presque ludique, désinforme et distrait de ce qui constitue pourtant l’essentiel du problème: le processus massif d’incarcération que connaît le pays». Les auteurs du document rappellent que depuis 1990, le nombre de détenus a été multiplié par sept.

Selon le Conseil National de Justice, un organisme gouvernemental, le pays compte près de 700’000 détenus, auxquels il faut rajouter les personnes concernées par les mesures d’assignation à résidence et les jeunes incarcérés dans des établissements pour mineurs. Soit plus d’un million d’êtres humains sous tutelle pénale. Une situation qui fait du Brésil le pays ayant la quatrième population carcérale au monde, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Le Brésil a également un taux d’occupation des établissements pénitentiaires de 167%. (cath.ch/jcg/rz)

Le Brésil compte plus de 700'000 détenus
24 janvier 2017 | 17:24
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
Brésil (389), prison (102)
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