Bruxelles: Pax Christi International interpelle l’ONU à Genève et l’OTAN à Bruxelles
«Un désastre humanitaire précipité par les frappes de l’OTAN»
Bruxelles, 11 avril 1999 (APIC) Pax Christi international interpelle la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève sur la situation au Kosovo. Le mouvement catholique pour la paix dénonce «l’épuration éthnique» au Kosovo, mais aussi dans une lettre adressée à Javier Solana, secrétairte général de l’OTAN, le «désastre humanitaire précipité par les frappes de l’OTAN».
Pax Christi a proposé vendredi dernier à l’OTAN de décréter un cessez-le-feu pour privilégier le chemin de la raison sur celui de la force et pour rouvrir aux réfugiés et à l’aide humanitaire l’accès du Kosovo. Dans une lettre adressée à Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Pax Christi international se dit «scandalisé par l’épuration ethnique qui semble se dérouler au Kosovo à l’encontre des Kosovars albanophones à un niveau tel que l’on peut même parler de génocide».
Le mouvement rappelle en même temps que l’OTAN a entamé ses raids aériens sans aucun mandat des Nations Unies. De plus, il constate avec stupéfaction que «l’offensive militaire de l’OTAN n’avait apparemment pas été programmée pour être accompagnée d’un plan d’urgence à grande échelle pour accueillir les réfugiés».
Mais ce qui préoccupe le plus Pax Christi, c’est la poursuite d’une politique de violence en Yougoslavie. Au Kosovo, les forces militaires et paramilitaires serbes, selon le mouvement pour la paix, se sont clairement rendues coupables de «crimes contre l’humanité», au vu des nombreux récits de leurs exactions, déportations, exécutions sommaires et autres destructions systématiques. Le mouvement dénonce aussi des violations des droits humains de la part de l’opposition armée (UCK).
Aussi Pax Christi adresse-t-il à Mme Robinson plusieurs demandes: envoyer dans la région une mission spéciale de vérification des violations des droits humains; interpeller les autorités yougoslaves sur leur l’application de la Convention de 1948 réprimant le génocide; obtenir que les responsables des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des violations des Droits Humains soient dûment identifiés, poursuivis et condamnés; promouvoir la création de «zones de sécurité» pour les réfugiés; veiller à ce que ceux-ci jouissent d’un statut de réfugiés ou d’un statut correct de protection temporaire; de veiller dans la région au respect des droits humains et de la dignité humaine de la part de chacune des parties impliquées dans le conflit.
La raison supplantée par la force des armes
Dans une autre lettre adressée à Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN, Pax Christi observe d’abord qu’en Yougoslavie, «la force de la raison semble avoir été supplantée par la raison de la force». Le mouvement déplore les frappes aériennes que l’OTAN a entreprises depuis le 24 mars et demande que tout soit fait «pour restaurer et renforcer la crédibilité, l’efficacité et l’autorité des Nations Unies en tant qu’organe responsable de la paix et de la sécurité dans le monde.
Bien que l’OTAN ait refusé le cessez-le-feu proposé depuis Belgrade par le président Milosevic à l’occasion de la Pâques orthodoxe, Pax Christi plaide à cette occasion pour «un cessez-le-feu temporaire»: Ce serait un «signal important donné au peuple serbe et un moyen d’empêcher un plus grand déchirement entre les mondes orthodoxe et occidental» et un signe de l’espoir pascal placé dans la vie.
Un cessez-le-feu nécessaire
Pareil cessez-le-feu, commente Pax Christi, «entraînerait une pause qui pourrait être pour le régime de Milosevic l’occasion d’entreprendre un véritable retrait du Kosovo de toutes ses forces armées. «Du même coup, les organisations humanitaires et les observateurs internationaux auraient à nouveau accès au Kosovo. L’étape suivante serait l’instauration d’une sécurité totale pour les gens qui sont restés au Kosovo. Par ailleurs, tous ceux qui souhaiteraient réintégrer leurs maisons devraient être assistés dans cette entreprise. Une force internationale de paix serait indispensable».
Un cessez-le-feu décrété par l’OTAN pourrait inciter à une reprise des négociations pour mettre fin à l’escalade de la violence et de la guerre, ajoute Pax Christi, qui insiste toutefois sur le respect des principes du droit international et sur la loyauté, en une période où «la sincérité n’est pas garantie». Le mouvement y voit aussi l’occasion d’organiser une réunion extraordinaire du Groupe de Contact (dont la Russie est membre) ou du Groupe des G8 (comme l’a suggéré le président russe Boris Eltsine) en vue de rechercher des initiatives permettant de «sortir de cette crise dramatique et de mettre fin aux infinies souffrances qu’elle fait subir aux personnes qui en sont les victimes». (apic/cip/ba)