En 15 ans, la pratique dominicale a diminué de moitié

Bruxelles: Publication des dernières statistiques de l’Eglise catholique en Belgique

Bruxelles, 30 juin 1997 (APIC) Le Service des statistiques religieuses du Centre interdiocésain, à Bruxelles, vient de publier les principales données concernant la pratique religieuse des catholiques pour l’année 1995. Les chiffres confirment les grandes tendances de l’évolution observée depuis 25 ans. Bruxelles: Publication des dernières statistiques de l’Eglise catholique en Belgique.

Trois jeunes sur quatre se mariaient à l’Eglise en 1980. Ils ne sont plus que deux sur quatre à le faire aujourd’hui. Dans la génération des moins de 40 ans, un citoyen sur deux se déclare sans religion. Des sociologues commentent: on peut supputer que dans l’avenir, les plus jeunes ne tisseront pas de relations avec l’Eglise et qu’ils ne transmettront pas à leurs enfants le besoin d’un tel tissu.

Ces statistiques concernent le nombre annuel de baptêmes, de mariages et de funérailles à l’église et le nombre de fidèles participant régulièrement à l’eucharistie dominicale. La proportion de pratiquants s’entend rapport à l’ensemble de la population, belge et étrangère, catholique et non catholique. Les chiffres entre parenthèses concernent l’année 1994. Les chiffres résultent tous d’un comptage ou d’un recensement. Ils sont donc d’une fiabilité totale, à l’inverse des estimations tirées d’un sondage d’opinion.

En 1995, 70,9 % des enfants nés en Belgique (72,6 % en 1994) ont reçu le baptême dans l’Eglise catholique. Par rapport au nombre de mariages civils contractés dura la même année en Belgique, il y a eu 52 % de mariages à l’église, contre 55,2 % en 1994. Par rapport aux décès, il y a eu 78,6 % de funérailles à l’église (79,5 % en 1994). Quant à la pratique dominicale régulière, son recensement annuel est fixé au troisième week-end d’octobre, 0ù il n’y a pas de fête liturgique particulière ni de conditions climatiques exceptionnelles. En 1995, on a dénombré 13,1 % (13,9 % en 1994) de fidèles présents à l’eucharistie, par rapport au nombre des personnes habitant en Belgique et en âge (7 ans et plus) susceptible de recevoir l’eucharistie .

De 1980 à 1995

L’évolution la plus marquante en quinze ans concerne la jeune génération. Trois jeunes Belges sur quatre se mariaient encore à l’église en 1980. Ils ne sont plus que deux sur quatre aujourd’hui. Depuis vingt ans, les sociologues ont d’ailleurs vu apparaître un phénomène inédit : pour la première fois dans l’histoire, une partie importante de la jeune génération se déclare sans religion : environ un Belge sur deux semble être dans ce cas dans la population des moins de 40 ans.

Deuxième fait remarquable: si l’on excepte le cas de Bruxelles, qui a toujours été particulier, les jeunes Flamands semblent se détacher plus vite du christianisme que les jeunes Wallons. Le mariage à l’église est désormais moins populaire en Flandre qu’en Wallonie: en quinze ans, 27 % des jeunes mariés en Flandre n’ont plus demandé de cérémonie religieuse ; la Wallonie a connu un retrait analogue, mais moins accentué (18 %).

La distance de la jeune génération

Ce phénomène de génération est encore observable dans l’écart entre les proportions des mariages et des funérailles à l’église. Si l’on considère, en général, que l’on se marie plutôt jeune et que l’on meurt plutôt à un âge avancé, en 1980, en Wallonie, les jeunes se mariaient un peu moins à l’église que leurs aînés, qui y restaient fidèles jusqu’aux funérailles. Entre les deux rites, l’écart n’était alors que de 5 %. Quinze ans plus tard, cet écart est monté à 20 %. Cet écart a même grimpé à 32 % en Flandre, où il est d’ailleurs supérieur à l’écart observable à Bruxelles (27,4 %).

Enfin, l’érosion de la pratique dominicale est elle aussi influencée par la distance prise par la jeune génération à l’égard de l’Eglise. A nouveau, cependant, c’est en Flandre que la participation régulière à l’eucharistie a connu la baisse la plus spectaculaire, puis qu’elle a diminué de plus de moitié en quinze ans.

Panne de transmission

Le tableau permet ainsi de toucher du doigt, d’une certaine manière, un phénomène de «non-transmission» de l’héritage culturel et spirituel des générations précédentes. Ce phénomène est accentué par la percée des valeurs individuelles mises en avant dans la société occidentale. Il s’accompagne d’une «recomposition» par chacun des valeurs, des significations, des symboles et des rites puisés dans les culture(s) actuelles.

L’évolution de la religion en Belgique inspirait en 1992 cette remarque aux sociologues Liliane Voyé et Karel Dobbelaere: «éduqués en dehors de tout lien à l’Eglise, à l’exception du recours à certains rites, on peut supputer que dans l’avenir les plus jeunes ne tisseront pas de relation avec elle et, plus encore, qu’ils ne transmettront pas à leurs enfants le besoin d’un tel lien». Des enquêtes récentes ont confirmé que «dans les générations les plus jeunes, la croyance en un Dieu vu comme étant une personne est en nette régression – cette croyance étant fortement associée avec une pratique mensuelle minimale».

Interrogé à propos d’une enquête menée l’an dernier sur les valeurs et les croyances des Belges, le cardinal Danneels constatait la difficulté de l’annonce de l’Evangile dans un monde occidental, où L’Eglise ne peut plus «s’appuyer sur aucun sens religieux naturel»: «Il faut d’abord annoncer que Dieu existe».

Ces données statistiques, limitées à la pratique du culte, ne reflètent pas l’ensemble de la pratique chrétienne: pour ceux qui entendent vivre selon l’Evangile, l’expression de la foi ne se limite pas au lieu de culte. Néanmoins, le nombre des baptêmes, des mariages à l’église, des funérailles religieuses et des fidèles assidus à la messe dominicale sont des indicateurs précieux de l’attachement aux pratiques ecclésiales. Les chiffres reflètent d’abord, en effet, ce que les familles se transmettent d’une génération à l’autre, commente en conclusion les auteurs de ces statistiques. (apic/cip/pr)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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