Lutter contre l’extrémisme
Bruxelles: Quelque 150 imams et rabbins réunis
Bruxelles, 4 janvier 2005 (Apic) Une conférence d’imams et de rabbins du monde entier dépasse son pari – 100 imams et rabbins pour la paix – et regroupe 150 participants. L’initiative est née en Suisse, l’an dernier, dans la discrétion, sous la houlette de Cornelio Sommaruga.
La réunion 100 imams et rabbins pour la paix qui s’est ouverte lundi 3 janvier à Bruxelles regroupe quelque 150 religieux influents du monde islamique et juif. Organisée par la Fondation Homme de parole, l’initiative de cette rencontre est née en Suisse l’an dernier. Le congrès se déroule sous le patronage du roi de Belgique, Albert II, et du roi du Maroc, Mohamed VI.
«Désigner l’infime minorité d’extrémistes qui gangrène nos communautés» est l’un des buts d’un tel congrès, selon un imam britannique présent à Bruxelles. L’une des figures de proue du Conseil musulman de Grande- Bretagne, Abduljalil Sajid, espère que «la conférence démontrera que 99,9% des musulmans et 99,9% de juifs préfèrent la coexistence pacifique».
La manifestation a été ouverte notamment par René-Samuel Sirat, l’ancien grand rabbin de France, et par cheikh Talal Sedir, imam d’Hébron et représentant de l’Autorité palestinienne pour les affaires inter- religieuses. Représentant la Fondation Hommes de parole, qui organise la réunion, Alain Michel a déclaré: «Beaucoup d’imams et de rabbins n’ont jamais la chance de se rencontrer et de travailler ensemble, bien qu’il y ait beaucoup d’initiatives entre l’islam et le monde chrétien et le judaïsme et la chrétienté». La Fondation Hommes de parole (présente en Suisse, France, Belgique, Israël) est à l’origine de manifestations similaires de dialogue entre représentants des la foi musulmane et judaïque dans d’autres pays.
Le but du congrès est de fournir un unique forum interreligieux de discussion, dans lequel «un rassemblement d’importance use de son influence pour s’opposer à la violence, à l’islamophobie et à l’antisémitisme». Les chefs rabbins d’Autriche, de Belgique, de Bulgarie, du Danemark sont parmi les influents religieux juifs à prendre part, tandis qu’une délégation israélienne comprend le rabbin en chef de Haïfa et des membres influents de la Haute Cour rabbinique de Jeérusalem. Parmi les personnalités présentes figurent le grand rabbin Shmuel Rabinowitz, venu d’Israël, ainsi que le grand rabbin Shlomo Rosen, responsable de l’American Jewish Committee.
Le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, ou encore Zaki Badawi, président du Collège musulman de Londres, le mufti d’Alep (Syrie) Ahmad Hassoun, sont également présents, avec d’autres dignitaires musulmans venus d’Europe, d’Afrique du Nord ou d’autres parties de l’Afrique.
Une initiative suisse
Préparée avec conviction et dans la discrétion, l’initiative est née lors d’une première réunion organisée par la Fondation Hommes de parole, qui s’est déroulée en juin 2003 au Centre de rencontres de la Fondation Initiatives et changement de Caux (au-dessus de Montreux), présidée par l’ancien responsable du CICR Cornelio Sommaruga. Une quarantaine de personnalités des trois religions monothéistes y ont mis en commun leur désir de paix.
La Fondation Hommes de parole s’efforce d’»agir sur les causes des conflits en mettant en présence certains acteurs des événements. Elle crée ainsi des espaces de dialogue et de reconnaissance et favorise la diffusion de paroles en faveur de la paix». Ex-responsable de l’ONG Equilibre, Alain Michel est le fondateur de la Fondation, née il y a quatre ans. «Si la volonté de paix est suffisamment forte pour dépasser l’antagonisme, alors le congrès de Bruxelles aura des suites». Alain Michel en est persuadé et imagine déjà un second congrès, en automne prochain, a-t-il confié à la Tribune de Genève le 3 janvier 2004. «Un mouvement nouveau doit commencer, qui donnera un cadre stable aux contacts judéo-islamiques.» Il s’agit en somme de la création d’une plateforme permanente entre les deux religions.
Le congrès est destiné aux responsables religieux juifs et musulmans, précise le quotidien genevois, mais les chrétiens n’en seront pas absents. Outre plusieurs dizaines d’experts (laïcs ou religieux) en résolution non- violente des conflits, divers théologiens et intellectuels protestants ou catholiques sont présents, tels Albert de Pury, professeur d’Ancien Testament à la Faculté de théologie protestante de Genève, ou Alberto Quattrucci, de la communauté San Egidio. L’Iranienne Chirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003, est également présente à ce congrès. (apic/ag/bbcnews/vb)