Le coran dans une main, la bible dans l’autre
Burkina-Faso: L’imam Jaafr de Bobodioulasso, un guide religieux particulier
Bobodioulasso, 14 avril (Apic) L’imam Jaafr fait chaque vendredi sensation avec ses prières, à la mosquée à Bobodioulasso, au Burkina-Faso. Le coran dans une main, la bible dans l’autre, il harangue chaque semaine des milliers de fidèles. Ces propos «religieux» font recette, puisqu’ils sont reproduits sous forme de cassette audio.
Dans ses prêches au ton virulent, il ne ménage pas ses critiques à l’égard des chefs d’Etat et des gouvernements africains, ainsi qu’à l’égard de ses co-religionnaires musulmans, en dénonçant certaines de leurs pratiques interdites par l’islam. La virulence de ces propos l’avait conduit en prison et en exil en Côte-d’Ivoire, dans les années 80.
Le cas de l’imam Jaafr est particulier: il prêche en s’inspirant aussi bien du coran que de la bible. Cet imam quelque peu particulier a créé une association dénommée «Comité Culturel de la génération des Trois Testaments», en d’autres termes, l’ancien et le nouveau testament, ainsi que le coran. Ces trois livres saints lui servent de source pour affronter chaque vendredi, jour de prière pour les musulmans. la foule réunie à la mosquée.
Vendredi dernier, il s’en est une nouvelle fois pris à Georges Bush et Saddam Hussein, qu’il situe dans la même ligne de dictateur. Le président Bush, a-t-il dit dans son sermon, est un «démon, un mécréant, un dictateur», qui envoie des troupes en Irak pour y tuer des innocents. «Le nombre d’innocents tués au cours de cette guerre dépasse le nombre d’Irakiens qui risquaient d’être tués par le régime de Saddam Hussein», a-t- il assuré aux fidèles. Pour lui, c’est une guerre de «religion et de pétrole» que les Etats-Unis mènent en Irak. L’ONU, «inexistante», ne trouve pas grâce à ses yeux, pas plus que son secrétaire général, qu’il appelle à la démission.
Il n’a pas non plus ménagé ses critiques à l’encontre de Saddam Hussein. «Ce qui lui est arrivé, arrive à tous les chefs d’Etat qui refusent de quitter le pouvoir et refuse l’alternance», a-t-il dit. A ses yeux, Saddam Hussein est tout aussi dictateur que Bush. De plus, il a «érigé des statues et des effigies à son image, or une telle pratique est interdite par le coran». (apic/ibc/pr)