Pas de base légale pour condamner l’excision

Cameroun: La pratique de l’excision toujours présente au Cameroun malgré les oppositions

De notre correspondant au Cameroun, Martin Luther Mbita

Yaoundé, 6 août 2001 (APIC) De nombreuses jeunes filles continuent de subir le phénomène de l’excision, dans la clandestinité, dans la partie septentrionale du Cameroun. La ministre camerounaise de la Condition féminine, mise au parfum de cette situation» dénonce et met les auteurs de ces actes en garde. Quant à l’Eglise, elle interpelle les consciences.

Quelques peuples du Nord Cameroun qui n’ont pas voulu se débarrasser des «valeurs traditionnelles pures», pratiquent encore l’excision malgré son interdiction, de manière certes officieuse. Pour les érudits des écrits coraniques, la raison évoquée par l’islam dresse des garde-fous pour protéger les personnes vulnérables particulièrement les jeunes filles des agressions extérieures à travers l’excision.

Si, au Mali, pays où l’excision a fait des ravages, les exciseuses qui sont plus nombreuses que partout ailleurs ont commencé à déposer leurs lames et canifs, au Cameroun, elles continuent. Les exciseuses camerounaises comme en Afrique de l’ouest ont une forte réputation: celle de se réclamer «féministes» jusqu’au bout des ongles.

Aga Zeinabou a été excisée lorsqu’elle avait six ans. Actuellement elle parcourt les villages du Nord Cameroun, trousse en mains à la recherche des éventuelles clientes. A sa vue, toutes les petites filles disparaissent comme des souris qui ont aperçu un chat. «L’excision permet à la femme d’être fidèle, de faire des enfants et de ne plus chercher les hommes dehors. Mes filles ont déjà des prétendants et avec l’excision, elles resteront fidèles à leurs époux» affirme-t-elle.

Une pratique inhumaine

L’excision signifie ablation de l’utérus de la jeune fille par l’exciseuse qui généralement ne s’entoure d’aucune précaution pour le faire. Le matériel de fortune n’est pas stérilisé et les risques d’infections et autres maladies sont grandes. Selon le méédecin Foccart, gynécologue dans un hôpital de Yaoundé, l’ablation de l’utérus est une pratique dangereuse. Non seulement elle fait disparaître le plaisir chez la femme mais elle peut lui faire contracter des maladies comme le sida par exemple.

«Sur 20% des jeunes filles du Nord que j’ai déjà eu à examiner, au moins 3% ont été excisées. Les opérations ayant mal tournées, elles présentent des complications» révèlé le médecin.

Mgr Antoine Ntalou, archevêque de Garoua estime pour sa part que «nul n’a le droit d’enlever une partie du corps d’un individu». Pour lui, la pratique de l’excision est un péché grave.

Prison

C’est également le point de vue du pasteur Nomo Pierre, de l’Eglise Presbytérienne du Cameroun, (EPC) qui va plus loin encore. Et jusqu’à demander la condamnation à des peines de prisons des auteurs de tels actes. Pour l’Imam Abdou enfin, «l’excision n’est pas une prescription de l’Islam. Jamais vous ne retrouverez cette recommandation dans le Coran».

Selon la ministre camerounais de la Condiion féminine, les auteurs de ces pratiques déshonorantes pour la femme africaine en général et camerounaise en particulier seront dorénavant pourchassés et condamnés. Il n’existe cependant aucun texte pour condamner de manière officielle la pratique de l’excision au Cameroun. Ces bases doivent être cherchées, relève enfin la ministre. (apic/mbt/pr)

6 août 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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