L’ACAT-Littoral dans le collimateur de l’unité spéciale de l’armée
Cameroun: La répression du banditisme par l’élimination des détenus s’accentue
Douala, 15 février 2001(APIC) Depuis une semaine, les militants de l’ACAT/Littoral, la section camerounaise de l’Association catholique pour l’abolition de la torture, sont filés et suivis. Cela ne les empêche pas de dénoncer les derniers raffinements apportés à aux méthodes d’élimination des détenus du Commandement opérationnel (CO). L’unité spéciale de l’armée camerounaise contre le banditisme sévit à Douala et dans les environs de la capitale.
Depuis une semaine, à Douala, les militants de l’ACAT/Littoral sont filés. Le bureau de l’organisation chrétienne est étroitement surveillé, rapporte l’ACAT dans un communiqué publié mercredi 14 février. Beaucoup de familles vivent dans la terreur, affirme le document.
L’unité a procédé à une foule d’arrestations expéditives il y a quelques mois et le cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, s’est élevé contre cette répression brutale. Selon l’Action chrétienne contre la torture (ACAT)/Littoral Cameroun, le CO a repris à Douala l’élimination sommaire des présumés grands bandits et y ajoute encore des raffinements de cruauté. Parmi ceux qui ont été éliminés récemment, on trouve des repris de justice, des prisonniers qui ont purgé leur peine, des criminels, des receleurs, des bagarreurs, de petits voleurs, des indicateurs emmenés lors des «descentes» sur le terrain du Commandement opérationnel l’année écoulée.
Briser physiquement et moralement les prétendus grands délinquants
«La nouvelle méthode utilisée par le CO, explique l’ACAT camerounaise, consiste à briser physiquement et moralement les prétendus grands délinquants, dans un cachot appelé «Kosovo». Ils sont ensuite transférés à la base navale, parqués dans des cellules exiguës, les mains liées derrière le dos et privés d’eau et de nourriture jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ce «traitement» leur est administré pendant deux semaines. Les victimes qui y résistent sont éliminées à l’aide des sandwichs empoissonnés.
Le Commandement opérationnel a déjà fusillé ses détenus par centaines, sous les yeux des habitants, stigmatise l’ACAT/Littoral Cameroun. «Pour brouiller les pistes, il crée la confusion avec les dépouilles mortelles en provenance de l’hôpital de Lanquintine en utilisant des sacs de plastique bleus pour envelopper les personnes avant de les ramener au cimetière du Bois des Singes, à Bonapino. (apic/cip/mjp)