Leaders traditionnels et religieux interpellés

Cameroun: Les femmes se mobilisent contre les mariages forcés et l’excision

Maroua, 8 août 2007 (Apic) Dans la province de l’Extrême-Nord du Cameroun, un territoire qui s’insère entre le Tchad et le Nigeria, les femmes se mobilisent de plus en plus contre les mariages forcés et l’excision. Au Cameroun, pays où 80% de la population se partage en parts égales entre croyances traditionnelles et foi chrétienne, l’islam domine toutefois dans les régions septentrionales du pays.

A Maroua, la capitale provinciale, les ONG de défense des droits de la femme ont profité de la 45e journée de la Femme africaine pour manifester et remettre un mémorandum au gouverneur de la province de l’Extrême-Nord Ahmadou Tidjani. Les femmes musulmanes se sont débarrassées de leur voile pour protester contre les mariages forcés et précoces.

Les femmes demandent aux élus locaux de prendre des mesures visant à interdire les pratiques des mariages forcés et précoces et l’excision dans toutes les communes et villages de la province. Elles interpellent aussi les leaders traditionnels et religieux afin qu’ils encouragent les populations à dénoncer ces pratiques. Elles proposent aussi au président de la République un projet de loi pour rendre l’éducation obligatoire chez la fille au moins jusqu’à l’obtention du brevet.

Au Cameroun, un plan d’action national de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) a été adopté il y a déjà plusieurs années. Il comporte des actions d’éducation, de sensibilisation des populations sur les effets négatifs de cette pratique, ainsi que des actions de plaidoyer à l’intention des leaders d’opinion. L’excision et la circoncision seraient pratiquées dans le Sud-Ouest et l’Extrême-Nord où elles toucheraient 100 % des filles musulmanes et 63,6 % des filles chrétiennes. D’après les informations disponibles à l’OMS, les mutilations affecteraient quelque 20% des Camerounaises.

Mme Billé Siké, responsable de l’antenne de Maroua de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (ALVF), estime qu’il faut traduire en justice tous ceux qui violent le droit à l’intégrité corporelle de la femme, notamment en pratiquant l’ablation du clitoris ou la scarification du corps, ou en refusant d’envoyer les filles à l’école. Dans ces régions, la jeune fille est souvent considérée comme un instrument sexuel et rien d’autre, déplore-t-elle, et elle est toujours confinée aux tâches de ménage. (apic/ct/be)

8 août 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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