Card. Cantalamessa critique la morale qui s'adapte «à l’air du temps»
Il est difficile, même pour le chrétien, d’échapper à l’«esprit du monde», et à la morale du «Così fan tutte» (Ainsi font-elles toutes), a déploré le cardinal Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, en citant le célèbre opéra de Mozart, lors de sa deuxième prédication de carême, le 1er mars 2024. Devant les responsables de la Curie romaine, dans la Salle Paul VI du Vatican, le religieux capucin a regretté que la théologie moderne soit devenue une «science».
En l’absence du pape François – engagé par des rendez-vous toute la matinée –, le cardinal s’est arrêté sur le sens de la déclaration de Jésus: «Je suis la lumière du monde», dans l’évangile de Jean. Le capucin a estimé que «la raison humaine» était «une concurrente aguerrie» de la lumière du Christ.
En effet, a noté le prédicateur de la Maison pontificale, la théologie moderne est devenue une «science», influencée par le «rationalisme», qui «a exigé du christianisme qu’il présente son message d’une manière dialectique, c’est-à-dire en le soumettant – en tout et pour tout – à la recherche et à la discussion».
«Le danger inhérent à cette façon de faire de la théologie est que Dieu est objectivé», a-t-il mis en garde. «Il devient un objet dont on parle, et non un sujet avec lequel […] on parle. Un ›il’ – ou, pire, un ›lui’ -, jamais un ›toi’». Mais, si «le premier devoir de ceux qui font de la science est d’être neutres face à l’objet de leur recherche, […] peut-on être neutre quand il s’agit de Dieu?», a alors interrogé le cardinal Cantalamessa.
La «trinité» de l’esprit du monde
Le cardinal Cantalamessa a également parlé de l’«esprit du monde», antagoniste direct de «l’Esprit de Dieu», où «l’opinion publique joue un rôle déterminant». L’individu peut «difficilement échapper» à «l’esprit qui est dans l’air», «l’adaptation à l’air du temps», a-t-il glissé, y voyant «la morale du ›Così fan tutte› de Mozart».
Le prédicateur a comparé «l’action corrosive de l’esprit du monde» à un «virus informatique», un «programme malin» qui «pénètre en nous par mille canaux, comme l’air que nous respirons». Et une fois à l’intérieur, «il change nos modèles de fonctionnement: il remplace le modèle ›Christ’ par le modèle ›monde’», a-t-il prévenu.
Enfin, le cardinal Cantalamessa a mis en garde contre la «trinité» du monde, ses «trois dieux ou idoles à vénérer: le plaisir, le pouvoir, l’argent». «Nous déplorons tous les désastres qu’ils créent dans la société, mais sommes-nous sûrs que, à notre petite échelle, nous en sommes, nous-mêmes, complètement immunisés?», a-t-il conclu. (cath.ch/imedia/ak/gr)
