Cardinal Ambongo: Fiducia est vue comme une «colonisation culturelle»
«Nous avons l’impression que l’Occident est en train de perdre ses propres racines», a confié le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, sur la chaîne KTO, le 17 mars 2024. Suite à la déclaration Fiducia supplicans, autorisant les bénédictions pour les couples homosexuels, l’homme fort de l’épiscopat africain estime que le texte n’aurait pas dû être publié sans une concertation préalable.
Le cardinal Fridolin Ambongo, 64 ans, est l’une des voix les plus importantes dans l’Église aujourd’hui. Président du Sceam – qui regroupe les conférences épiscopales d’Afrique -, il siège aussi au conseil des cardinaux, ce groupe restreint qui conseille le pape dans le gouvernement de l’Église. Suite à la publication de Fiducia supplicans, le 18 décembre 2023, qui autorise la bénédiction non liturgique des couples irréguliers aux yeux de l’Église, le cardinal congolais avait centralisé les réactions africaines – essentiellement négatives – pour publier une réponse. «Pas de bénédiction aux couples homosexuels» en Afrique, était-il alors acté dans une déclaration concertée avec le pape.
Sauver la communion avec le pape
«J’ai pris ma responsabilité», a expliqué le cardinal congolais devant les caméras de KTO. Il a rappelé «la levée de boucliers» qui s’était opérée en Afrique après la publication du texte peu avant Noël. «Certains évêques […] allaient frontalement en guerre contre le pape.» Pour faire baisser la tension, le cardinal Ambongo s’est rendu à Rome pour expliquer au pape les réactions africaines au texte publié par le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF).
«Je suis plein d’admiration et de remerciements au sens pastoral du pape. Parce qu’il a lu tout ce que je lui avais amené», raconte le cardinal qui a ensuite travaillé avec l’auteur de Fiducia supplicans, le cardinal Fernandez, préfet du DDF. «Nous avions deux objectifs: calmer nos fidèles du continent africain qui s’étaient sentis blessés dans le foi et (…) sauver la communion avec le successeur de Pierre.»
Erreur de timing?
Si la réponse africaine a finalement «apporté la paix» et «la tranquillité», le cardinal Ambongo regrette la méthode avec laquelle le Vatican a agi en publiant Fiducia supplicans sans consultation préalable et dans un «timing» particulier. «Je crois que ce texte n’était pas nécessaire à ce moment-là», juge-t-il. Il a rappelé que la première session du Synode mondiale sur l’avenir de l’Église venait de se terminer à Rome et qu’une deuxième session aura lieu en octobre prochain.
«Toutes ces questions que nous avions effleurées pendant la première session du synode, nous allons y revenir», assure-t-il. Quand bien même le secrétariat du Synode vient de préciser que la session d’octobre n’aborderait pas le document sur la bénédiction des couples homosexuels. Sur la question de l’homosexualité en Afrique, le cardinal Ambongo assure que ces personnes ne sont pas rejetées par l’Église et qu’elles sont accueillies comme «fils et filles de Dieu». «On ne les stigmatise pas, mais on n’encourage pas non plus cette pratique», résume-t-il, alors que la majorité des pays africains ont une législation très sévère contre l’homosexualité.
«Hier, l’Occident nous a apporté Jésus-Christ»
Interrogé sur ses propos polémiques concernant l’Occident – Fridolin Ambongo avait déclaré en janvier: «Nous leur souhaitons une bonne disparition» au sujet de l’Occident «en perte de vitesse» -, le cardinal a présenté ses excuses «si l’un ou l’autre s’est senti choqué par cette expression».
Il s’en est ensuite expliqué: «Nous avons l’impression que l’Occident n’est plus disposé à assumer sa propre culture. Tout est relativisé. Tout est remis en cause. Et ça nous inquiète», estime-t-il face aux évolutions en cours en matière d’éthique sexuelle et familiale en Europe. Et d’ajouter: «Hier, l’Occident nous a apporté Jésus-Christ, l’Évangile. Aujourd’hui nous avons un peu comme impression que l’Occident commence à prendre une certaine distance par rapport à cet Évangile».
Le cardinal Ambongo n’hésite pas à parler de «colonisation culturelle» et «d’impérialisme de l’Occident» en Afrique. Une thématique sur laquelle le pape François s’est largement exprimé depuis le début de son pontificat. (cath.ch/imedia/hl/rz)
 
                    
                     
                 
                     
        
        




 
             
             
             
                                 
                     
        
         
         
                                 
                     
                     
                    