Le cardinal Angelo Becciu, aurait fait passer les affaires de sa famille avant celles de l'Eglise | © B. Hallet
Vatican

Cardinal Becciu: «Je veux crier au monde que je suis innocent»

«Je veux crier au monde que je suis innocent» a déclaré  le cardinal Angelo Becciu, pour sa première apparition publique depuis sa condamnation à cinq ans et demi de prison pour détournement de fonds le 16 décembre 2023.

Le cardinal a expliqué vouloir continuer le combat judiciaire dans interview à la télévision italienne  Rai  le 18 décembre. «Être condamné n’est pas agréable», a-t-il ironisé avec amertume, expliquant avoir été «consterné» par le verdict prononcé par la justice vaticane. 

Au terme d’un procès de plus de deux ans, l’ancien substitut de la secrétairerie d’État a été condamné à une peine de cinq et six mois de prison par le tribunal du Vatican. C’est la première fois dans l’histoire qu’un tribunal civil de la Cité du Vatican prononce une peine à l’encontre d’un cardinal.

À la télévision italienne, le cardinal Becciu a minimisé sa responsabilité dans l’affaire de l’immeuble de Londres, qui concerne un bien acquis par le Saint-Siège en 2014, une opération qui a fait perdre au Saint-Siège entre 139 et 189 millions d’euros. Il a insisté sur le fait qu’il n’a été impliqué que dans la phase d’acquisition du bien immobilier – comme le reconnaît le tribunal, qui l’a condamné pour détournement de fonds à ce propos.

Le cardinal sarde estime ne pas avoir spéculé en autorisant cet achat, mais s’être inscrit dans une tradition d’investissement du Saint-Siège depuis les accords du Latran en 1929. Il a rappelé que le Saint-Siège possède un important parc immobilier à Paris, Rome ou Londres. (ou même Lausanne NDLR).  

De plus, Angelo Becciu réfute être responsable de la décision d’investir dans le bien londonien, rejetant toute la responsabilité sur ses subordonnés, en particulier sur le chef du Bureau administratif, Mgr Alberto Perlasca. «Savez-vous combien de bureaux je devais gérer? Dix-sept», a-t-il argumenté, affirmant qu’on lui avait présenté le «dossier» de l’immeuble de Londres comme représentant un «grand avantage» pour le Saint-Siège.

«Il y avait mes techniciens qui me disaient que c’était possible», a insisté l’ancien substitut; mais ils ne lui auraient «pas présenté les grands risques» courus. Sans citer son nom, il a en outre affirmé que Raffaele Mincione, à qui avait été confié l’investissement, lui avait été «garanti» par la banque et les interlocuteurs habituels de la secrétairerie d’État en matière d’investissements.  

«Si je l’avais su, je ne l’aurais pas permis«

Concernant les 125’000 euros que le cardinal a fait verser à une association diocésaine sarde dirigée par son frère – affaire qui lui a valu sa seconde condamnation pour détournement de fonds -, le cardinal a assuré que la plus grande partie de la somme (100’000 euros) était encore sur le compte de l’association. «C’est l’évêque qui décide de l’utiliser ou non », a-t-il expliqué. 

Enfin, il s’est défendu concernant les 575’000 euros versés à Cecilia Marogna, une femme se présentant comme une experte en diplomatie informelle et qu’il a embauchée en 2019 pour libérer une otage au Sahel. Le cardinal a affirmé ne pas avoir été au courant du fait que cette dernière utilisait l’argent pour sa consommation personnelle, notamment en bien de luxe.

«Si je l’avais su, je ne l’aurais pas permis», a-t-il clamé, insistant sur le fait que l’argent ne devait financer que la libération de la religieuse capturée. Il a insisté sur le fait que le pape et lui s’étaient «mis d’accord » sur cette opération – une version contestée par le promoteur de justice, qui affirme que le pape avait accepté de financer une société anglaise pour cette tâche, pas Cecilia Marogna. 

Le cardinal a d’ailleurs expliqué penser et espérer que le pape croyait en son innocence. Et a insisté sur sa volonté de prouver cette innocence «de toutes les manières possibles», notamment juridiques – sans citer expressément sa volonté de se pourvoir en appel, bien que ses avocats s’y soient montrés favorables dès le jour du verdict.  (cath.ch/imedia/cd/mp)

Le cardinal Angelo Becciu, aurait fait passer les affaires de sa famille avant celles de l'Eglise | © B. Hallet
19 décembre 2023 | 11:19
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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