Le cardinal Patrick D'Rozario, archevêque de Dacca au Bengladesh | CTV (CC BY 3.0)
International

Cardinal D’Rozario, archevêque de Dacca: «Nous sommes ébahis que le pape vienne nous visiter»

Du 30 novembre au 2 décembre 2017, le pape François se rendra au Bangladesh, pays de 160 millions d’habitants, principalement de confession musulmane, où l’Eglise catholique constitue une toute petite minorité. Le cardinal Patrick D’Rozario, archevêque de Dacca depuis 2011, est depuis octobre 2016 le premier cardinal de son pays. Pour I.MEDIA, en collaboration avec Eglises d’Asie, le prélat souligne l’enthousiasme des catholiques à l’approche de la venue du pape.

Que signifie pour vous ce voyage du pape au Bangladesh?
Pour le pays, cette visite constitue une opportunité de célébrer la relation particulière qui existe avec le Vatican depuis les années 1971-72, les relations diplomatiques ayant été nouées officiellement en février 1973. Une relation particulière, fondée sur des valeurs communes : des valeurs éthiques, morales, spirituelles. Et cette visite est également une opportunité de célébrer l’harmonie entre les religions, dont les bases sont solides, malgré des perturbations, dans notre société. Cette visite va aussi être une rencontre entre le Saint-Père et le peuple bangladais. Un peuple de la périphérie, loin de Rome. Une rencontre avec l’Eglise des pauvres, avec une Eglise au service des pauvres. Et, dans la mesure où il s’agit d’une rencontre, la voix du peuple, portant ses difficultés, va s’exprimer et être entendue.

Qu’espèrent les catholiques du pays de cette visite?
Le peuple, lui aussi, va venir comme pèlerin. Pour voir le pape, pour l’écouter, pour le toucher. Pour prier ensemble. Pour célébrer la messe ensemble, sur le même sol. Les gens vont venir de tout le Bangladesh, des huit diocèses du pays, en tant que pèlerins, pour rencontrer le pape. Nous rendre visite est un témoignage de son amour pour nous. Nous sommes tous ébahis qu’il ait pris la décision de nous visiter. Dans tous nos diocèses, des gens se sont impliqués dans la préparation. En parallèle, nous avons eu une préparation spirituelle, avec des prières spécifiques, communiquées à travers tout le pays, et des intentions de messe également. Nous répondons ainsi à l’intention de prière du pape François pour le mois de novembre: prier pour l’Eglise en Asie, pour que les chrétiens, minoritaires, favorisent le dialogue, l’harmonie et la compréhension.

Des ordinations sacerdotales sont prévues dans le programme du pape le 1er décembre. Qu’en est-il des vocations religieuses au Bangladesh?
En 1986, le pape Jean-Paul II avait ordonné 18 diacres en vue du sacerdoce ; le pape François en ordonnera 16. Voilà de quoi nous réjouir des merveilles du Seigneur : nous avons des vocations à la vie sacerdotale, à la vie religieuse. Nous avons même commencé à envoyer des missionnaires, entre 20 et 30, en Afrique, en Amérique, au Canada, en Papouasie Nouvelle-Guinée. Le 13 novembre, je me suis rendu dans une famille dont la mère était décédée. Sur ses dix enfants, trois sont devenus prêtres, et trois religieuses. Notre peuple est religieux. Au grand séminaire national, à Dacca, nous avons actuellement 120 étudiants.

Vous vous êtes rendu dans les camps de réfugiés Rohingyas, fin septembre. Quelle est la situation?
Je me suis rendu dans les camps de réfugiés les 24 et 25 septembre derniers, alors que des Rohingyas arrivaient encore. Je me réjouissais, malgré tout, de constater qu’il y avait une certaine bienveillance, dans ces camps, entre réfugiés [ndlr : des réfugiés Rohingyas viennent se réfugier au Bangladesh par vagues successives, depuis la fin des années 1970]. J’ai visité des familles et j’ai écouté leurs histoires, terribles. Ce jour-là, une centaine de naissances ont eu lieu. J’ai appris que 18’000 femmes enceintes se trouvaient dans ces camps. Dans cette zone, l’Eglise n’est pas implantée, mais nous voulions être présents, nous voulions montrer notre compassion. La Caritas Bangladesh a obtenu, après un léger contretemps, l’autorisation d’y travailler. Elle prend soin de 40’000 familles. Nous sommes très investis. Notre toute petite Eglise apporte son aide à ce qui est l’un des plus grands désastres de l’humanité. (imedia/eda/cath.ch)

Le cardinal Patrick D'Rozario, archevêque de Dacca au Bengladesh | CTV (CC BY 3.0)
23 novembre 2017 | 16:27
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!