Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens à l'Université de Fribourg (photo Maurice Page)
Suisse

Cardinal Koch: «Nicolas de Flüe ne se situe pas entre les confessions, il les relie»

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens et le pasteur Gottfried Locher, président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), présideront, le 24 septembre, la célébration œcuménique du jubilé des 600 ans de la naissance de Nicolas de Flüe, à Sachseln, dans le canton d’Obwald. Dans un entretien avec kath. ch, le cardinal Koch explique pourquoi Frère Nicolas est également important pour les réformés et les personnes sans confession.

En quoi Nicolas de Flüe est-il une figure œcuménique?
Kurt Koch:
Nicolas de Flüe a vécu avant la Réforme et la scission de l’Eglise. Il est également apprécié historiquement et aujourd’hui encore par les réformés. Il est le saint patron de la Suisse et sa vie et son message ramènent au centre de la foi chrétienne. La commémoration commune du début de la Réforme il y a 500 ans et du 600e anniversaire de la naissance de Nicolas de Flüe, lors d’une célébration œcuménique à Zoug, le 1er avril dernier, a montré que Frère Nicolas ne se situe pas entre les confessions, mais les relie.

La canonisation de Nicolas de Flüe, en 1947, n’a-t-elle pas été un peu une main-mise des catholiques sur l’ermite du Ranft. Ne l’a-t-elle pas éloigné des protestants?
Au moment de la canonisation, on a eu l’impression que Frère Nicolas était ‘retiré’ aux réformés et que la Suisse était en train d’être recatholicisée. Aujourd’hui, on reconnaît dans un esprit œcuménique que sa vénération comme saint est la manière catholique de commémorer Frère Nicolas, et que les réformés le font à leur manière. Le culte œcuménique que je célébrerai avec le président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), Gottfried Locher, à Sachseln, témoigne que ces différentes manières s’enrichissent mutuellement et ne se contredisent pas.

«Le réformateur de Zurich, Ulrich Zwingli, a souvent mentionné Frère Nicolas dans ses sermons»

Comment expliqueriez-vous à un réformé ce qu’est la sainteté de Nicolas de Flüe?
Le réformateur de Zurich, Ulrich Zwingli, a souvent mentionné Frère Nicolas dans ses sermons et l’ a décrit comme un bon chrétien et même comme un vrai saint, certainement dans l’entendement évangélique, dans lequel tous les baptisés sont des saints. Frère Nicolas se distingue avant tout comme un saint par le fait qu’il a vénéré la sainteté de Dieu par toute sa vie. Le théologien réformé Walter Nigg a jugé, à juste titre, que «le vrai saint est compréhensible pour tout le christianisme et pas seulement pour une seule confession».

Nicolas de Flüe se fait ermite (dessin Rapahël Zbinden)

Beaucoup de gens aujourd’hui sont sans confession. Que peut dire Nicolas de Flüe à ces personnes?
Les raisons pour lesquelles les gens se disent sans confession sont si variées qu’aucune déclaration générale n’est possible. Je pense qu’en ce temps présent, alors que beaucoup de gens vivent selon la devise ‘Dieu n’existe pas’, Frère Nicolas donnerait le conseil inverse:»Essayez de façonner votre vie comme si Dieu existait, et essayez de vous joindre à ma prière préférée «Mon Seigneur et mon Dieu «- et vous trouverez de nouvelles voies!»

Que signifie Nicolas de Flüe pour vous personnellement?
Nicolas de Flüe était un véritable ami de Dieu qui, dans la prière et la méditation, s’est plongé dans le mystère de Dieu. Mais cela ne l’a pas éloigné du monde. Lorsqu’il se retira dans l’isolement des gorges de la Melchaa, il prit le monde dans son cœur. En tant que véritable ami de Dieu, il resta un ami crédible de l’humanité. Je suis particulièrement convaincu par cette unité symphonique, dans laquelle il a su conjuguer l’amour de Dieu et l’amour de l’humanité. (cath.ch/kath.ch/sys/mp)

Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens à l'Université de Fribourg (photo Maurice Page)
21 septembre 2017 | 08:21
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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