Cardinal Pizzaballa:»il ne faut pas aller trop vite en parlant de paix»
«La paix est un mot exigeant. La paix doit être préparée», a mis en garde le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, en commentant la trêve à Gaza. En marge d’un événement auquel il participait à Rome le15 octobre 2025, le cardinal a souhaité des changements parmi les dirigeants politiques et religieux de la Terre sainte.
Le 15 octobre, le cardinal Pizzaballa a recptionné le «Prix international Achille Silvestrini pour le dialogue et la paix », attribué au père Gabriel Romanelli et aux prêtres et religieuses de l’unique paroisse catholique de de Gaza. Ceux-ci n’étaient pas présents, n’ayant pu faire le voyage.
Devant les journalistes, le patriarche latin de Jérusalem s’est montré prudent quant au Plan de paix pour Gaza négocié par le président américain Donald Trump : «Les échecs des années passées, des différents accords, nous ont appris qu’il ne faut pas aller trop vite, même dans le langage, en parlant tout de suite de paix», a-t-il déclaré.
Régissant aux violences qui ont surgi après l’accord, l’Italien hébréophone a souligné qu’elles étaient «malheureusement inévitables» puisqu’on ne passe pas «brusquement du noir au blanc». «Il y aura des hauts et des bas», a averti le prélat.
Pour le cardinal, la paix en Terre sainte relève d’un «processus très périlleux, très problématique, très fragile, qu’il faut néanmoins faire avancer d’une manière ou d’une autre». Et d’estimer que «la prochaine génération» pourra réaliser la paix si elle est accompagnée.
Changer les dirigeants de la Terre sainte
Pour construire cette paix, a poursuivi le cardinal Pizzaballa, il faut avant tout «changer le langage», en excluant les extrémismes et le «langage de mépris et d’exclusion». Et il faut «poser des gestes sur le terrain qui redonnent un peu de confiance à la population».
Le cardinal a également avancé qu’un changement de leadership à Tel-Aviv était «souhaitable et nécessaire», mais que «cela prendra du temps». Il a plaidé pour un tel changement «pour tous, aussi bien du côté politique que religieux», israélien que palestinien. Nommant le président de 90 ans Abou Mazen (Mahmoud Abbas) comme actuel interlocuteur légitime de la Palestine, il a argué qu’il fallait «regarder vers l’avenir».
Il a souligné le rôle de la communauté chrétienne – qui a reçu le Prix ce mercredi soir – comme «symbole» d’ouverture et d’accueil dans «cette mer de haine, de violence et d’exclusion». La paroisse de Gaza «ne résoudra certes pas les problèmes, mais nous avons besoin de signes qui nous indiquent la voie».
Évoquant les manifestations populaires qui se sont multipliées dans le monde – notamment en Italie – pour Gaza, le patriarche latin s’est réjoui de la prise de conscience, «à la fois individuelle et collective, qui dit non à ces formes de violence». «Il faut s’aider non pas à nous diviser, mais à nous regarder les uns les autres», a-t-il insisté en mettant en garde contre les «lignes rouges» à ne pas franchir dans les conflits. (cath.ch/imedia/ak/mp)





