attendus en République Centrafricaine =

Cent ans après les premiers missionnaires français, trois Salésiens belges

Bruxelles, 31mai(APIC) Cent ans après l’arrive des premiers

missionnaires français en amont des

rapides de l’Eléphant, trois Salésiens belges rejoindront bientôt la

République Centrafricaine pour y répondre à un appel des évêques. L’agence

CIP a rencontré le Père Albert Vanbuel, un des trois religieux qui ont

accepté cette nouvelle aventure. A l’âge de 54 ans, et après plus de 25 ans

de ministère, ce Limbourgeois un peu timide mais convaincu se présente avec

humour comme «une vocation tardive».

«Comment c’est arrivé ? J’ai envie de vous répondre : par amour… et par

hasard. Il y a longtemps que je m’intéresse aux pays du Tiers-Monde et aux

jeunes Eglises qui s’y sont développées. Les Salésiens de Don Bosco sont

évidemment connus pour leurs engagements auprès des jeunes. Mais nos

engagements missionnaires à l’étranger sont également très importants. Sur

les 17’000 religieux que compte notre congrégation, 6’000 confrères sont

missionnaires à l’étranger, dont 805 en Afrique.

«L’idée de partir en République Centrafricaine (R.C.A.) remonte à une

interpellation des évêques. Pourquoi n’y a-t-il aucun disciple de Don Bosco

en R.C.A., nous demandent, depuis quelques années, plusieurs évêques et

notamment l’archevêque de Bangui, Mgr Ndayen. Notre supérieur général a relancé l’interpellation de manière plus directe. C’est ainsi que la province

flamande des Salésiens a été invitée à regarder la question en face: quand

allons-nous répondre à la demande qui nous est faite ?

«Il y a trois ans, quand nous avons commencé à envisager cette question

plus concrètement, j’étais secrétaire de notre supérieur provincial. A ce

titre, j’ai été amené à prendre différents contacts avec les évêques en

R.C.A. et avec Rome. Chemin faisant, je me suis senti personnellement

interpellé: est-ce que cette mission, Bert, ne serait pas quelque chose

pour toi ? Et voilà comment naît une vocation missionnaire tardive !»

Nouvelle fondation

Né à Zolder en 1940, Albert Vanbuel est le huitième d’une famille de dix

enfants. C’est par ses études à Hechtel, dans le nord du Limbourg, qu’il a

découvert les Salésiens. Il est entré dans leur congrégation en 1958, y a

été ordonné prêtre en 1967, et a poursuivi sa formation théologique à

l’Université Catholique de Louvain. L’essentiel de son ministère

sacerdotal, le Père Vanbuel l’a exercé auprès des jeunes: pendant dix ans

comme professeur de religion et comme animateur de retraites, pendant

quinze ans comme responsable d’une école de cadres pour camps de vacances

et plaines de jeux. Il y a six ans, il est devenu secrétaire du provincial

et s’est engagé dans la pastorale paroissiale à Grand-Bigard.

Deux autres Salésiens flamands accompagneront le Père Vanbuel en R.C.A. Le

Frère Eric Compernolle, du même âge que son confrère limbourgeois, a

dirigé

jusqu’ici la section de menuiserie dans un Centre d’enseignement technique

des Salésiens à Hal. Le troisième membre de l’équipe, le Père Jan Dingenen,

est lui-même un ancien missionnaire, qui a consacré quarante ans de sa vie

au Zaïre. Rentré en Belgique l’an dernier, il est responsable de la

communauté attachée à la Procure salésienne de Boortmeerbeek (Haacht),

entre Malines et Louvain.

«La riche expérience de notre confrère Jan Dingenen nous sera précieuse,

souligne le Père Vanbuel. Personnellement, je n’ai aucune expérience

directe de l’Afrique. Mais je me suis évidemment beaucoup documenté. Et

puis, j’ai eu l’occasion récemment de faire un séjour de deux semaines en

République Centrafricaine. Cela n’a fait que me stimuler. Pensez donc: un

pays de plus de trois millions d’habitants (quelque 600.000 habitants pour

la seule Bangui), dont plus de la moitié n’ont pas vingt ans ; un pays où

les besoins énormes en formation sont énormes, d’après les évêques.»

Les sept évêques de R.C.A., où seul l’archevêque de Bangui est d’origine

africaine, aimeraient visiblement que l’arrivée des Salésiens ait un impact

concret sur le développement de l’enseignement. «Nous portons, nous aussi,

évidemment, le souci de la formation des jeunes Africains, commente le Père

Vanbuel. Mais nous ne sommes pas sûrs que notre rôle en République

Centrafricaine soit de fonder des écoles salésiennes !»

«Nous arriverons là-bas au début de l’automne, poursuit-il. Le mieux que

nous puissions faire, c’est d’abord de prendre le temps de nous immerger

dans les réalités locales. Il nous faudra d’abord nous plonger dans une

autre langue, non seulement le français, langue officielle, mais aussi le

sango, langue principale de la population. Il nous faudra aussi multiplier

les contacts pour discerner les attentes… Bref, c’est seulement après

quelques mois que nous pourrons, en dialogue avec l’archevêque de Bangui,

préciser à quels besoins nous pourrons répondre et où nous allons implanter

notre fondation salésienne.»

Par solidarité avec l’Afrique

Sans préjuger de ce que sera, dans un an, son travail missionnaire, le Père

Vanbuel a déjà plusieurs idées en tête. «Nous travaillons assurément avec

les jeunes. Et il nous faudra très probablement nous préoccuper de leur

formation professionnelle. Je sais que beaucoup aimeraient devenir plus

tard employés ou fonctionnaires. Mais l’avenir de l’Afrique n’est pas dans

le développement d’une bureaucratie. Il faut être réaliste : le

développement économique de la R.C.A. passe par de la main d’oeuvre

qualifiée, donc par une formation technique et professionnelle des jeunes.

Et, à mon avis, il faudra d’abord envisager des modules de formation à

court terme, plutôt que des cycles de formation de trois à six ans.»

Le 25 septembre, les trois religieux belges en partance pour la R.C.A. se

réuniront à Rome avec d’autres missionnaires salésiens autour de leur

supérieur général, qui remettra aux nouveaux missionnaires une croix en

signe de leur future mission au nom de l’Eglise.

Le 1er octobre, le Père Albert Van Hecke, supérieur provincial des

Salésiens néerlandophones, sera à Hal pour présider une célébration au

cours de laquelle il enverra ses trois confrères en mission. Ceux-ci

partiront quatre jours plus tard pour la République Centrafricaine. Durant

les premiers mois, ils seront accueillis chez les religieux de la Société

des Missions Africaines, dans le quartier de Galabadja, proche de

l’aéroport de Bangui. Le temps d’envisager leur future implantation, ils

offriront leurs services aux missionnaires français déjà sur place et

pourront prendre la mesure des multiples besoins de la population jeune.

«Un jour ou l’autre, peut-être déjà dans quelques mois, nous serons

rejoints par de jeunes confrères salésiens, annonce déjà le Père Albert

Vanbuel. J’espère aussi que de jeunes volontaires laïcs se proposeront.

C’est tellement important pour l’Afrique, que l’Europe est trop tentée de

laisser tomber. L’Europe fait beaucoup pour l’Est, car elle pense à ses

propres intérêts. Elle maintient aussi des liens avec l’Amérique du Sud. Si

nous avons fait le choix de l’Afrique, nous les Salésiens, c’est aussi pour

qúon n’abandonne pas ce continent : ce serait impardonnable !» (1)

(1) Des nouvelles régulières seront données au fil des mois aux abonnés

d’un nouveau bulletin de liaison créé pour la circonstance. Ecrire au Père

Vanbuel, Maison Provinciale des Salésiens, Rue François Gay, 129 – 1550

Bruxelles (tél. 02/771.21.00). Les personnes qui désirent soutenir ce

projet peuvent également verser leurs dons (fiscalement déductibles) au

compte 427-2099091-65 de Solidariteit Don Bosco, même adresse, avec la

mention : «Hoop voor Centrafrique».

31 mai 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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