Catholique de Louvain : le recteur s’explique

Charte d’éthique médicale à l’Université (221289)

Louvain-la-Neuve, 22décembre(APIC/CIP) Dans le prolongement de la Charte

qui définit l’attitude de l’Université Catholique de Louvain (UCL) en matière d’éthique médicale, les autorités académiques ont révélé jeudi soir

aux médecins de l’UCL et au personnel soignant des cliniques universitaires

de Louvain-en-Woluwe la création de «Cellules d’Aide à la Décision Ethique». Leurs compétences s’appliqueront à toute décision médicale impliquant

des choix éthiques difficiles. Dans une interview accordée à l’agence de

presse catholique belge CIP, le recteur de l’ULC, Pierre Macq, en explicite

les enjeux.

«Les problèmes dans la société actuelle sont devenus si complexes qu’un

individu, fût-il expert ou recteur, ne peut parler à lui seul au nom de

l’institution. Notre Université se devait donc, comme institution, de rompre le silence. Elle n’a pas peur du débat et de la fonction critique de

l’Université», a-t-il déclaré.

Trois «cellules», présidée chacune d’un médecin de la Commission d’Ethique et composée d’un membre du Centre d’Etude Bioéthique et d’un médecin

spécialisé dans le domaine dont ressort la demande d’aide, ont déjà été

créées. Il s’agit d’une «cellule» pour le problème de l’interruption de

grossesse (débat qui bat son plein en Belgique), une autre pour la protection de la vie en phase terminale et une autre encore pour les problèmes

psychiatriques. Pierre Macq précise qu’en ce qui concerne l’interruption de

grossesse, il existait déjà à l’UCL une charte non explicitée publiquement

qui prévoyait qu’un médecin confronté à ce problème devait, avant de prendre une décision finale avec la patiente, dialoguer avec au moins trois autres personnes. Le débat sera maintenant élargi selon les souhaits des médecins confrontés à toutes sortes de problèmes éthiques.

Les médecins vivent concrètement un conflit de valeurs

«Un de nos principes est bien entendu la protection de toute vie

humaine, surtout la plus fragile et nous ajoutons clairement : il y a

toujours transgression de ce principe fondamental quand on arrive à une

interruption volontaire de la grossesse. Mais il faut se rendre compte

qu’il y a des situations de nécessité, où on est acculé à choisir entre

deux valeurs», explique Pierre Macq. «J’ai lu les documents de l’Eglise

attentivement. Je me demande si, quelquefois, on ne tourne pas autour de la

question. Si nous avons posé clairement le problème d’un conflit de

valeurs, c’est parce que les médecins le vivent concrètement. Il est dès

lors trop facile de les laisser se débrouiller avec ce conflit. Nos

médecins doivent se sentir portés par le communauté universitaire pour le

résoudre. Or, pareil conflit est impossible à résoudre sans transgression

d’un principe, dans un sens comme dans l’autre. Ce n’est jamais un conflit

où il y a un gagnant et un perdant : on perd des deux côtés!»

Devant l’importance du problème soulevé, Pierre Macq se déclare enchanté

de voir la communauté universitaire partager ce point de vue. «Il y a donc

aujourd’hui un large consensus dans notre Université, dit-il. Il a aura

sans doute, des voix discordantes, et heureusement : je ne veux pas d’une

Université faite de petits robots.»

Le recteur de l’UCL précise encore qu’il n’y aura pas de contraintes

nouvelles pour les médecins puisque cette Charte ne fait que formaliser des

pratiques déjà existantes. «Nous attendons que tous les membres de l’Université partagent les valeurs que nous voulons promouvoir. Ils peuvent être

plus exigeants que nous, mais pas moins.

«L’assistance psychologique, matérielle et sociale de services d’aide

adéquats correspond à l’humanisation dans les cliniques, ajoute Pierre

Macq. Or, dans le contexte économique actuel, ceci nécessite un encadrement

coûteux. Mais je crois que, dans les cliniques liées à une Université

catholique, nous devons faire l’effort, même si ça ne rapporte rien, pour

que cet encadrement soit assuré. J’aimerais, par l’intermédiaire d’une

fondation, par exemple, recueillir des fonds pour plus d’humanisation dans

les cliniques. Pour nous, être contagieux en ce domaine, ce serait vraiment

être traducteurs du message chrétien». (apic/cip/mg)

22 décembre 1989 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!