Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari (photo: DR)
Suisse

«Chiara Lubich était une maman, une sœur, une amie…»

Il y a 100 ans, le 22 janvier 1920, naissait dans la ville italienne de Trente Chiara Lubich, fondatrice des Focolari. A l’occasion de cet anniversaire, deux membres du mouvement chrétien qui l’ont rencontrée à plusieurs reprises se souviennent de sa gentillesse, de son humilité, mais surtout de sa «foi contagieuse».

«Dès la première fois, son regard m’a pénétrée. Et cette impression demeure encore aujourd’hui», confie Isabelle Catzeflis. Focolari depuis 45 ans, la Valaisanne d’origine a rencontré Chiara Lubich une dizaine de fois. «Et à chaque fois c’était la même surprise. J’avais devant moi une maman, une sœur, une femme, une amie, une personne tellement simple, perspicace et pleine de lumière et de sagesse».

La laïque catholique Chiara Lubich, décédée en 2008, a fondé le mouvement des Focolari en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale. Avec l’intuition prophétique de créer de petites communautés destinées à être des «foyers (focolari) de contagion» de la foi chrétienne. Une démarche qui a rapidement pris de l’ampleur. Aujourd’hui, le mouvement, qui accueille en son sein des personnes de toutes confessions, religions et opinions, est présent dans 182 pays et rassemble plus de deux millions de membres. En Suisse romande, les Focolari sont présents à Genève et à Montet, dans la Broye fribourgeoise, mais aussi disséminés dans les autres cantons. Dans le reste du pays, on les trouve notamment à Lugano, à Zurich, et à Baar (ZG).

Une grande leader spirituelle

C’est là qu’œuvre essentiellement Beatrix Ledergerber, également membre du mouvement depuis des décennies. Elle se souvient avec émotion de ses trois rencontres avec Chiara Lubich. «C’était un regard, une modestie, une humilité, une présence impressionnante». La fondatrice des Focolari ne prenait personne de haut. «Face à elle, qui que l’on soit, on se sentait important». Une petite femme toute simple et sans façon, mais également une source puissante d’inspiration. «Elle portait avec elle le courage, la persévérance. Cela tout en distribuant la joie et la conviction de la victoire de Jésus», souligne Isabelle Catzeflis.

Une force que Chiara Lubich a utilisée tout au long de sa vie pour promouvoir les valeurs de l’Evangile qu’elle tenait pour essentielles. «Elle a été une grande leader spirituelle, souligne Beatrix Ledergerber. Elle a donné des impulsions décisives pour une implication des chrétiens en politique, les amenant à ‘être dans le monde’. Elle a donné à des milliers d’hommes et de femmes la force de s’engager pour la création du Royaume de Dieu sur la terre».

Une spiritualité pour notre époque

Une mission menée à l’aide d’une «théologie particulière» note Beatrix Ledergerber, la théologie «de Jésus abandonné». Le moment de la crucifixion où le Christ crie vers le Père lui demandant pourquoi il l’a abandonné revêtait pour la laïque italienne une immense signification. «Le fait que Jésus ait pu souffrir et douter de la sorte le rend très proche des personnes qui se sentent éloignées de Dieu». Cette spiritualité l’a amenée à fonder une notion d’universalité qui prend en compte tous les êtres humains, qu’ils aient d’autres religions ou convictions.

«C’est un charisme qui nous pousse à continuellement jeter des ponts»

Mais cette unité n’est pas non plus réservée à l’interne. Les Focolari s’engagent ainsi toujours dans les paroisses locales. «Finalement, c’est une spiritualité tout à fait adaptée à notre époque, marquée par la sécularisation, l’individualisme et la perte de repères», note Beatrix Ledergerber.

L’une des principales missions du mouvement est ainsi de favoriser la fraternité dans tous les domaines de la société, qu’il s’agisse de la famille, de l’économie, de la politique, locale ou internationale. «La conviction première des Focolari renvoie en fait directement aux paroles de Jésus: ‘En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux’», souligne Beatrix Ledergerber.

La «nostalgie du futur»

«C’est un charisme qui nous pousse à continuellement jeter des ponts, à initier des dialogues, à recomposer des familles, à rallumer des espoirs», selon Isabelle Catzeflis. Des convictions pleinement incarnées dans le pontificat de François et sa «culture de la rencontre», assure la secrétaire de l’Union des supérieurs majeurs religieux de Suisse (VOS’USM). Les Focolari sont ainsi «en marche avec le pape, qui exprime clairement la spiritualité de communion, la spiritualité de l’unité, également avec la Création». «Chiara aurait exulté de joie en lisant Laudato si’«, assure la Valaisanne.

Comme l’exprime Luigino Bruni, focolarino et promoteur de l’Economie de communion, «Chiara avait la nostalgie du futur». Des convictions qui tiendront une grande place lors de l’événement «The Economy of Francesco», en mars 2020 à Assise. Luigino Bruni est engagé dans le comité de direction de cette rencontre internationale qui a pour but de «promouvoir ensemble, à travers un pacte commun, un processus de changement global».

Commémoration «sans grande pompe»

Mais si Chiara Lubich a indéniablement été l’une des figures les plus influentes de la chrétienté contemporaine, les Focolari souhaitent fêter le centième anniversaire de leur fondatrice en dehors de toute grande pompe. «Elle a toujours fait en sorte de ne pas se mettre en avant et n’aurait pas voulu qu’on en fasse trop sur sa personne», souligne Beatrix Ledergerber.

Les principaux événements de commémoration du centenaire se dérouleront dans sa ville natale de Trente. Les célébrations y ont commencé le 7 décembre 2019 avec comme événement central l’exposition internationale «Chiara Lubich ville monde» aux ‘Gallerie’ de la ville.

En Suisse romande, de «petites» manifestations sont prévues de manière locale, indique Martine Schneider, co-responsable du mouvement des Focolari dans la région. Il s’agira surtout de moments de partage et de souvenirs concernant Chiara Lubich. Les Focolari romands sont également conviés à une journée de commémoration à Baar, en juillet.

En Suisse alémanique, plusieurs émissions concernant Chiara Lubich sont diffusées durant le mois de janvier sur Radio Maria. Le média catholique débute également ses programmes chaque jour du mois par une «parole de méditation» de la fondatrice des Focolari.

Au Tessin, une messe en hommage de la laïque italienne est célébrée par Mgr Valerio Lazzeri, évêque de Lugano, le 21 janvier à Pregassona, près de Lugano.

«Ensemble» vers la sainteté

La force du témoignage de Chiara Lubich a été maintes fois louée au sein de l’Eglise catholique. En 2015, le pape François avait rappelé, le «lumineux exemple de vie» laissé par la laïque italienne. «Les membres du mouvement des Focolari ont su être des apôtres du dialogue, un moyen privilégié pour promouvoir l’unité», avait également écrit Jean Paul II en 2003.

La phase diocésaine de la cause en béatification de la fondatrice du mouvement des Focolari a été officiellement clôturée le 10 novembre 2019. Un chemin vers la canonisation que Chiara Lubich n’a cependant jamais voulu accomplir seule, puisque son grand dessein était, comme le rappelle Isabelle Catzeflis, que «tous deviennent saints ensemble». (cath.ch/rz)

Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari (photo: DR)
21 janvier 2020 | 17:00
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 4 min.
Partagez!