Chili: Le président de l’Union des supérieurs généraux dénonce le centralisme romain

«On a fait barrage pour empêcher une audience avec le pape»

Santiago du Chili, 3 novembre 2003 (Apic) La violence physique n’existe plus dans l’Eglise, mais «d’autres formes de violence morale et psychologique y sont encore pratiquées». Cette dénonciation émane du Père Maccise, président de l’USG (Union des supérieurs généraux) jusqu’en 2000, qui parle dans un article «de trois formes différentes de violence qui persistent au sein de l’Eglise: centralisme, autoritarisme et dogmatisme».

Le Carme déchaux, d’origine mexicaine, dénonce enfin: depuis 1995, les Conseils de l’Union des Supérieurs Généraux (USG) et l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) ont cherché à avoir une audience-rencontre avec le pape Jean Paul II. En vain.

Selon le Père Maccise, ces formes de violences «sont les manifestations d’un type de pouvoir qui ne tient pas compte du droit à une légitime diversité au sein de l’Eglise ni de l’exigence évangélique du dialogue et du dépassement de la peur».

Le Père Camilo Maccise a été élu Supérieur général de l’Ordre pour deux mandats, jusqu’au 30 avril 2003, et président de l’Union des Supérieurs Généraux (USG) pour deux mandats, jusqu’au 30 novembre 2000. La réflexion du père Maccise, intitulée tout simplement «La violence au sein de l’Eglise», est publiée dans le dernier numéro de «Testimonio» (Témoignage), la revue bimestrielle de la Conférence des Religieux du Chili, à paraîtra ces prochains jours.

Dans son article, le Père Maccise parle de la «violence du centralisme», de la «violence de l’autoritarisme» et de la «violence du dogmatisme».

Le centralisme – explique-t-il – «est une forme raffinée de violence, parce qu’il concentre le pouvoir de décision en une bureaucratie ecclésiastique qui ignore les défis auxquels sont confrontés les croyants dans les différents milieux socioculturels et ecclésiaux». Les croyants de toutes catégories sont traités comme s’ils étaient des «mineurs qui ont besoin de super protection et d’une discipline imposée selon des critères myopes». Toutefois, le centralisme «dérive en grande partie du manque de confiance et de la peur».

Représentants d’un million de religieux exclus

«Le contrôle centraliste de la Curie romaine – ajoute-t-il – empêche également l’accès de groupes qualifiés à un dialogue direct avec le pape». Selon lui, les Conseils de l’Union des Supérieurs Généraux (USG) et l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG) ont cherché en vain à avoir une audience-rencontre avec le pape Jean Paul II, et cela depuis 1995. Cela, regrette-t-il, «alors que d’autres groupes mineurs et insignifiants, ainsi que des individus étrangers à la foi et à l’Eglise, ont cette possibilité».

Toujours selon le religieux, les représentants de plus d’un million de religieux, engagés dans les activités pastorales les plus variées et à la frontière de l’évangélisation, en sont restés exclus. «Il s’agit là d’une manière subtile d’empêcher le dialogue indispensable à une collaboration intra-ecclésiale».

Le religieux va plus loin encore, en estimant que la «violence de l’autoritarisme, se dissimule sous le masque du pouvoir sacré». Et puis, déplore-t-il, elle est exercée en couvrant par le secret le nom des accusateurs. «Elle prend la forme de l’autoritarisme patriarcal» des hommes qui légifèrent sur des questions qu’ils ne connaissent pas. Comme dans le cas du document «Verbi sponsa», sur la vie de clôture, au sujet duquel les religieuses n’ont pas été consultées». Et de regretter: ce sont donc des hommes qui ont légiféré «sur un mode de vie qu’ils ne connaissent pas, sinon en théorie».

«Violence du dogmatisme»

Dernier point soulevé dans son article: la «violence du dogmatisme», qui «n’admettant pas que nous vivions dans un monde pluraliste impose une seule perspective théologique, celle traditionaliste, élaborée sur la base de conditionnements philosophiques et culturels d’époques révolues». Avec quelque chose d’encore plus grave, dénonce-t-il: «Au cas où un procès à la Congrégation pour la doctrine de la foi devait se terminer en faveur de l’accusé, celui-ci ne reçoit aucune lettre d’acquittement». Quant à «l’accusateur il ne reçoit aucune monition, aucune peine canonique pour avoir menti ou calomnié». (apic/vd/pr)

3 novembre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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