Les religieuses chiliennes ont reçu le pape avec enthousiame à la cathédrale de Santiago
(Keystone/AP Photo/Alessandra Tarantino)
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Chili: le pape demande à l’Eglise d’assumer ses blessures

Après avoir visité le centre pénitencier féminin de Santiago du Chili, le pape François s’est rendu le 16 janvier 2018 à la cathédrale de la ville, où il a retrouvé les prêtres, religieux et religieuses, consacrés et séminaristes. Le  pontife les a invités à reconnaître les blessures de l’Eglise, en particulier celles liées aux abus sur mineurs commis par des membres du clergé.

Le discours du pape au clergé et aux religieux étaient particulièrement attendu pour cette première journée au Chili. Les évêques du pays ont même accepté de limiter la durée de leur propre moment avec l’évêque de Rome pour accorder plus de temps à cette rencontre. Les personnes présentes, dont de nombreuses religieuses en habit, ont semblé particulièrement enthousiastes de recevoir le pape, lui réservant un véritable triomphe. A plusieurs reprises, son discours a été entrecoupé de salves d’applaudissements.

Tel un père penché sur son enfant, le pontife s’est longuement attardé sur les blessures de l’Eglise au Chili. Et particulièrement les cas d’abus sexuels sur des mineurs commis par des membres du clergé. C’est un «grave et douloureux mal», a insisté le pape reconnaissant la souffrance des victimes et de leurs familles dont la confiance a été trahie. Le matin, devant les autorités, le pape avait déjà confié sa «douleur» et sa «honte».

A cause de ces abus, des prêtres ont connu la douleur de la «suspicion», a poursuivi le Souverain pontife, et parfois être habillé en prêtre «se paie cher». Il faut avoir «la lucidité» de regarder en face ces cas et le courage de demander pardon, a-t-il déclaré.

Une Eglise servante, «prophétique par vocation»

En reconnaissant ses propres blessures, a poursuivi le pontife, l’Eglise peut y voir «les signes de la Résurrection» car elle sait qu’elle a obtenu miséricorde. Alors, elle met au centre le Christ par qui «nos blessures sont ressuscitées» et rendent solidaires, poussent à construire des ponts entre les hommes. Les chrétiens, a lancé le pape, n’ont pas besoin de superhéros mais de personnes qui savent «tendre la main».

L’Eglise peut ainsi être «prophétique par vocation», a affirmé le successeur de Pierre, car elle devient une «Eglise servante» des plus démunis, en qui elle voit son Seigneur. Pour le pape, une telle «conversion du cœur» est le «signe» du Royaume de Dieu. Cela n’est pas désirer un monde idéal, mais donner à chacun la possibilité de connaître le Christ.

La sécularisation grandissante

Dans son allocution le pape François est aussi revenu sur d’autres «turbulences» traversées par l’Eglise au Chili : les «nouvelles circonstances» d’une société en pleine mutation. Les hommes et femmes d’Eglise ne peuvent se limiter à répéter leurs approches et «s’enfermer dedans». L’Evangile est aussi un «chemin de conversion» pour ceux qui l’annoncent, a-t-il soutenu.

Le Chili connaît effectivement une sécularisation grandissante, qui se manifeste notamment par des lois sociétales en opposition avec la doctrine catholique. Depuis 2017, l’avortement en cas de viol ou de danger de mort est dépénalisé. Le mariage homosexuel est actuellement étudié par le parlement tandis que les unions civiles de couples de même sexe sont légales depuis 2015. Par ailleurs, le nombre d’athées a doublé sur les dix dernières années, pour atteindre un quart de la population.

A l’issue de ce discours, le pape doit se rendre dans la sacristie de la cathédrale pour une rencontre avec les évêques chiliens. (cath.ch/imedia/xln/mp)

Les religieuses chiliennes ont reçu le pape avec enthousiame à la cathédrale de Santiago (Keystone/AP Photo/Alessandra Tarantino)
17 janvier 2018 | 09:21
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
Chili (170), Prêtre (117), voyage du pape (389)
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