Tienanmen : Ceux qui veulent se souvenir sont réduits au silence

Chine: Espoirs d’Amnesty International

Londres/Berne, 4 juin 1997 (APIC) Le temps est venu pour le gouvernement chinois, huit ans après la brutale répression du mouvement de 1989 en faveur de la démocratie, de réévaluer les évènements, de reconnaître qu’il est responsable de centaines de morts, et de libérer les nombreuses personnes qui sont toujours emprisonnées en raison de leur participation aux manifestations, rappelle Amnesty International huit ans jour pour jour après les massacres de la place Tienanmen.

AI a été informée que quatre condamnés pour «activités contre-révolutionnaires» ont été libérés, même si des centaines d’autres restent cependant en prison. Les familles qui veulent organiser des manifestations de souvenir et les personnes voulant faire la vérité sur la répression de 1989 restent baillonnées et harcelées.

Selon des informations récentes, un tribunal de la province de Jilin aurait décidé d’annuler la condamnation prononcée contre quatre dissidents emprisonnés en 1989 sous des chefs d’accusation «contre-révolutionnaires». D’eux d’entre eux sont encore incarcérés, mais devraient être remis en liberté le 9 juin prochain. «Cette décision signifie peut-être que le gouvernement est prêt à rééxaminer les centaines d’autres cas de personnes qui ont été jetées en prison pendant la répression de 1989», espère Amnesty International.

Cette dernière a présenté une liste de 300 personnes toujours incarcérées en raison de leur action dans le mouvement de protestation. Tous ces détenus purgent de longues peines d’emprisonnement, allant parfois jusqu’à la prison à vie. Un grand nombre d’entre eux ont subi des mauvais traitements et tous ont été condamnés à l’issue de procès iniques. Ils ne représentent toutefois qu’une fraction des milliers de prisonniers politiques incarcérés en Chine.

«Les autorités chinoises continuent de qualifier ces manifestations populaires de contre-révolutionnaires», a déclaré Amnesty International. «Après la mort de Deng Xiaoping, le régime actuel devrait mettre à profit cette période pour réévaluer les événements de 1989 et rompre avec la propagande des huit dernières années, fondée sur une version dénaturée et inexacte des faits. Les victimes et leurs familles méritent que les autorités reconnaîssent enfin la vérité, au lieu de les harceler, de les surveiller et de tenter de les réduire au silence dans leur lutte courageuse pour la vérité et la justice».

Les familles des disparus de Tienanmen sont victimes de mesures d’intimidation lorsqu’elles commémorent ouvertement leurs morts. Les dissidents se mettent en danger en célébrant régulièrement l’anniversaire des évènements de 1989 ou en adressant des appels et des pétitions au gouvernement.

Les efforts des autorités chinoises afin d’étouffer systématiquement toute manifestation en souvenir des évènements de la place Tienanmen ne présagent rien de bon pour les habitants de Hong Kong qui célèbrent chaque année l’anniversaire du 4 juin. En effet, les réformes juridiques récemment présentées par le futur gouvernement de la «région administrative spéciale» de Hong Kong, confèrent aux autorités le pouvoir d’y empêcher des manifestations pacifiques et légitimes, telle que celle-ci, pour des motifs de «sécurité nationale», définis de manière très large.

«Cette année ne doit pas être la dernière au cours de laquelle les habitants de Hong Kong pourront se souvenir des victimes de 1989 et promouvoir le respect des droits de l’homme en Chine», a indiqué Amnesty International. «Pour la population de Hong Kong, la possibilité de commémorer le sort des victimes dans l’avenir attestera du respect des droits fondamentaux dans la région administrative spéciale de Hong Kong», conclut l’organisation. (apic/com/aa)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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