Chine : libération d’un second évêque resté fidèle à Rome (240188)
Rome, 24 janvier (APIC/CIP) Selon le quotidien milanais de centre-gauche
«Corriere della Sera», le gouvernement chinois vient de libérer un second
évêque chinois resté fidèle à Rome, «en signe de bonne volonté envers le
Vatican» : Mgr Peter Joseph Fan Xuean, évêque de Baoding (Paoting), dans la
province de Hibei. L’annonce en a été faîte à Pékin par l’Eglise patriotique chinoise, soumise aux autorités de Pékin et qui ne reconnaît pas l’autorité du pape.
Agé aujourd’hui de 69 ans, Mgr Fan Xuean est en prison ou assigné à
résidence – si l’on excepte quelques brèves interruptions – depuis 1958, un
an après la création de l’Eglise patriotique, à laquelle il refusa
d’adhérer. Après avoir purgé une peine de quinze ans de prison, Mgr Fan
Xuean a ensuite été envoyé dans un camp de travail (1963-1969). De retour à
Baoding, et bien qu’assigné à résidence, il avait à nouveau célébré la messe et ordonné des prêtres sans l’autorisation de l’Eglise patriotique, ce
qui lui avait valu d’être condamné à une nouvelle peine de 10 ans de prison
pour avoir «mis en péril la souveraineté et la sécurité de la patrie en
connivence avec des forces étrangères».
La libération de Mgr Fan Xuean est présentée par le «Corriere della Sera» comme un geste de bonne volonté de Pékin devant hâter un rétablissement
des relations diplomatiques avec le Vatican, rompues en 1957, à condition,
précise le quotidien, en écho aux milieux de l’Eglise patriotique chinoise,
que le Saint-Siège rompe ses relations diplomatiques avec Taïwan et que le
pape renonce à exercer une autorité hiérarchique sur l’Eglise chinoise et à
nommer des évêques. A noter que Mgr Fan est le dernier évêque chinois à
avoir été nommé par Rome avant la rupture des relations diplomatiques par
Pékin.
L’évêque de Shangaï libre de ses mouvements
Un autre évêque, Mgr Ignatius Kung Pin-Mei, évêque de Shangaï, libéré
après 30 annees de prison en 1985, n’est plus en résidence surveillée depuis le 6 janvier dernier, comme il l’a été ces deux dernières années, et
s’est vu restituer ses droits politiques par un tribunal de Shangaï.
Arrêté en 1955 en tant que «contre-révolutionnaire» pour être resté
fidèle à Rome, Mgr Kung a déclaré à l’Agence France-Presse (A.F.P.) que
trente années de prison ne l’ont pas infléchi et qu’il reste prêt à retourner en prison. «Je serais un traître, dit-il, si j’avais pensé un seul
instant à renier ma foi et le Saint-Siège.»
Le prélat, qui s’est exprimé avec une grande sérénité et beaucoup de lucidité malgré son âge avancé, a évoqué pour la première fois ses conditions
de détention (il est toujours resté seul dans sa cellule, n’a jamais reçu
de visite et a été privé de Bible et de littérature religieuse), sans jamais manifester de rancune ou de ressentiment à l’égard des dirigeants communistes. Selon lui, plusieurs prêtres – une dizaine, âgés de plus de 50
ans – restent aujourd’hui détenus en Chine.
Mgr Kung a précisé qu’il n’avait pas été autorisé à entrer en contact
avec des catholiques chinois qui, comme lui, sont restés fidèles à Rome. Il
lui est toutefois permis de célébrer la messe, mais sans la présence de
fidèles. (apic/cip/bd)