Chrétiens syriens préoccupés par les tirs visant la cathédrale de Homs
Après le mitraillage de la croix de la cathédrale syro-orthodoxe Sainte-Marie de Homs, les chrétiens de Syrie, toujours plus nombreux à songer à émigrer, vivent à nouveau dans la crainte. Depuis que les islamistes ont renversé le régime de Bachar al-Assad, les minorités sont visées, en particulier les alaouites, systématiquement ciblés et assassinés, mais les druzes et les chiites craignent également les milices du nouveau pouvoir en mains sunnites.
Six mois après leur prise de pouvoir, les islamistes imposent de plus en plus leurs règles restrictives. Dans «l’intérêt général», le ministère syrien du Tourisme demande aux femmes se rendant sur les plages publiques désormais de «porter un burkini ou des vêtements de bain couvrant davantage le corps», selon son communiqué.
Une attaque directe contre la paix civile et la cohabitation
Suite à l’agression du 8 juin visant la cathédrale de Homs, l’archevêché syro-orthodoxe de Homs, Hama et Tartous déplore «une attaque directe contre la paix civile et la cohabitation» et en appelle au pouvoir en place à poursuivre les auteurs. La cathédrale Sainte-Marie-à-la-Ceinture-Sacrée (Umm Al-Zannar), dans le quartier de Bustan Al-Diwan, est une importante destination de pèlerinage marial.
Selon le service de presse romain «Fides» et le portail d’information du Vatican «Vatican News», des balles ont été tirées contre la croix érigée sur la façade de la cathédrale syro-orthodoxe de Homs. Cet acte sacrilège et intimidant est rapporté «le cœur rempli de douleur» par l’archevêque Timotheos Matta Al-Khoury, à la tête de l’archidiocèse syro-orthodoxe de Homs, Hama et Tartous depuis 2021.
Sentiment d’insécurité largement partagé par les communautés chrétiennes
Les balles visant la cathédrale ont été tirées à l’aube de dimanche dernier, alimentant les craintes et le sentiment d’insécurité partagés par de nombreux membres des communautés chrétiennes de Syrie dans la conjoncture historique actuelle que traverse le pays, rapporte l’archidiocèse dans un communiqué.
«Nous considérons cette attaque brutale», peut-on lire dans le communiqué, «comme une attaque directe contre la paix civile et la cohabitation, et nous affirmons que de tels actes n’ont rien à voir avec la morale des honnêtes citoyens de la ville de Homs et de tous les Syriens honnêtes, mais visent plutôt à semer la discorde et à déstabiliser».
Les responsables de l’archidiocèse syro-orthodoxe demandent aux dirigeants actuels de la Syrie d’identifier et de poursuivre pénalement les responsables de cet acte de violence et de garantir la sécurité des lieux sacrés des différentes communautés religieuses. Ils demandent également aux fils et aux filles de l’Église de ne pas se laisser submerger par la peur, en montrant que de tels actes violents «ne nous décourageront pas d’adhérer au message d’amour et de paix invoqué par notre Seigneur Jésus-Christ, et ne feront qu’accroître notre détermination à consolider l’esprit de fraternité entre tous les enfants de la patrie et l’amour pour la terre de Syrie, quelle que soit la gravité des épreuves à affronter».
Pour Mgr Jacques Mourad, les chrétiens vivent toujours dans l’insécurité
De son côté, Mgr Jacques Mourad, archevêque syro-catholique de Homs, estime que les chrétiens en Syrie ne sont pas persécutés à l’heure actuelle, mais ils vivent toujours dans l’insécurité. Les services religieux et les processions peuvent pour le moment avoir lieu sans entrave. Le nouveau gouvernement a en outre fait de nombreux gestes de conciliation envers les chrétiens et les autres minorités religieuses. Mais il existe des réglementations très différentes selon les régions et personne ne veut s’attirer le mécontentement des nouveaux responsables, a déclaré Mgr Jacques Mourad lors d’une conférence de presse en ligne organisée par l’œuvre d’entraide «Aide à l’Église en Détresse ACN».
Le fait que les milices islamistes contrôlent les rues est inquiétant pour de nombreuses personnes, a expliqué l’archevêque. Certes, de nombreux Syriens sont satisfaits du nouveau gouvernement, mais la peur règne également parmi les musulmans: «Pour les islamistes, si un sunnite n’est pas sur leur ligne, il est considéré comme un blasphémateur, et le blasphème est passible de mort !» (cath.ch/fides/kathpress/be)