Cinq cas d'abus signalés en quelques mois au Tessin
Le Groupe d’écoute pour les victimes d’abus dans le domaine religieux au Tessin (GAVA) a présenté le 9 juillet 2025, un premier bilan de son activité. Depuis huit mois, cinq cas ont été révélés, tous prescrits, a précisé la présidente de GAVA Miriam Caranzano.
Outre l’accueil des victimes GAVA leur a également offert la possibilité de parler entre elles de leur vécu. «Parler à ceux qui ont vécu la même chose est très apprécié et fait la différence. Certains ont ensuite souhaité être accompagnés par Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano. Ce sont des moments délicats qui font ressortir des expériences douloureuses, mais qui aident les victimes à surmonter la trahison, une souffrance étouffée et traînée pendant des décennies » a précisé Miriam Caranzano.
Vers une association nationale des victimes: GAVA, SAPEC et IG-M!kU
GAVA se présente comme un nouvel acteur, neutre et indépendant, où des professionnels et des victimes se mettent à disposition pour apporter un soutien précieux à d’autres victimes. Actuellement, trois professionnels ayant une longue expérience dans l’écoute des victimes répondent aux appels téléphoniques. Trois autres personnes sont en train de terminer leur formation.
Le groupe «s’engage à faire entendre la voix des victimes jusqu’aux plus hauts niveaux de la société, afin qu’elle ne reste jamais sans réponse. La plupart d’entre elles ne s’intéressent pas aux gestes symboliques (comme une messe pour demander pardon), mais demandent plutôt des faits concrets et un changement qui démantèle le système de couverture systématique des abus. Elles constituent une boussole importante pour l’Église. Avec les deux autres associations, Groupe SAPEC et IG-M!kU, nous envisageons de créer un groupe national afin d’avoir plus d’impact et de ressources».
GAVA rappelle «qu’au Tessin, il existe plusieurs collèges, instituts catholiques et colonies paroissiales: tous des milieux potentiellement délicats, comme en témoignent les scandales récemment révélés».
Mgr Alain de Raemy: «Personne ne doit être laissé seul»
L’administrateur apostolique du diocèse de Lugano a tenu de son côté à remercier GAVA pour le travail accompli, «afin que personne ne soit laissé seul face à l’injustice subie ou au silence imposé ». L’évêque, en encourageant «tout témoignage qui peut contribuer à faire connaître toute la vérité et nous aider à vivre ainsi l’Évangile jusqu’au bout», observe qu’«il n’est pas facile de parler de ses blessures. Les témoins et les victimes doivent être accueillis avec humanité et accompagnés avec professionnalisme. Tout comme le garantit GAVA».
Mgr de Raemy souligne en outre le travail historique mené par l’Université de Zurich et commandé par les évêques suisses eux-mêmes pour rechercher les cas d’abus. Il rappelle enfin la récente décision des évêques suisses sur la question, qui stipule que tout signalement d’abus doit être adressé en priorité au Service d’aide aux victimes d’infractions (LAVI), présent dans chaque canton. (cath.ch/catt.ch)