Le cardinal Ambongo est accusé par l'Etat congolais de "décourager" par ses paroles, les soldats au front  | © François-Régis Salefran/Wikimedia/ CC BY-SA 4.0
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«Clarification» entre le président congolais et le cardinal Ambongo

Le président Félix Tshisekedi et le cardinal Fridolin Ambongo se sont entretenus le 19 mai 2024 à Kinshasa pour une «clarification». Cette rencontre fait suite à l’ouverture d’une procédure judiciaire de l’Etat congolais contre l’archevêque de la capitale en rapport à des propos jugés «séditieux».

Selon un communiqué de la présidence du Congo, l’audience a eu lieu à la demande du cardinal Ambongo. «Dans les tumultes qu’on a entendus sur les réseaux sociaux ces derniers temps, j’avais souhaité rencontrer le chef de l’Etat, pour que nous puissions faire la lumière sur différents points», a-t-il assuré.

La rencontre a été «un moment de clarification. Là où les hommes se parlent, les choses sont claires. C’est avec un sentiment de grande satisfaction et de gratitude vis-à-vis du chef de l’Etat que je sors de ce bureau (…) pour moi (…) Il y a eu plus de malentendu que de vrai problème. C’était nécessaire qu’on se rencontre pour faire la lumière sur tous ces sujets qui avaient peut-être créé des malaises. Et maintenant qu’on se parle tout devient clair».

Propos séditieux?

Le 27 avril, le Procureur général près la Cour de cassation de Kinshasa, le juge Firmin Mvonde, a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire contre le cardinal Ambongo. Il lui est reproché de «violenter délibérément les consciences et de trouver un plaisir, à travers la propagation de faux bruits et incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et attentats contre les vies humaines».

Pour le procureur général, «au moment où le pays fait face à la guerre dans sa partie orientale, il s’observe dans les comportements du prélat, une constance des propos séditieux, tenus lors des points de presse, interviews et sermons de nature à décourager les militaires des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) qui combattent au front». Il s’y ajoute, «des propos incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales, déjà meurtries par autant d’années de déstabilisation».

Une affaire à traiter dans le respect de la loi

Ces accusations ont suscité de nombreuses réactions des évêques, organisations religieuses et laïques, dans le pays et à l’étranger. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a appelé au calme, estimant que «le dossier doit être traité de manière responsable, avec les autorités compétentes dans le respect des textes légaux du pays y compris l’Accord-cadre signé entre la RDC et le Saint-Siège».

Les propos du cardinal suite à l’entretien avec le président semblent toutefois indiquer une volonté d’apaisement entre l’archevêque de Kinshasa et le pouvoir. (cath.ch/ibc/ag/com/rz)

Le cardinal Ambongo est accusé par l'Etat congolais de «décourager» par ses paroles, les soldats au front | © François-Régis Salefran/Wikimedia/ CC BY-SA 4.0
20 mai 2024 | 09:22
par Ibrahima Cisse
Temps de lecture : env. 2  min.
Afrique (306), Congo RDC (173), Fridolin Ambongo (25), Justice (218)
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