Mgr Pierre Bürcher, de passage à cath.ch. | © B. Hallet
Suisse

Coire: Mgr Bürcher remet les pendules à l'heure

Après 17 mois de service en tant qu’administrateur apostolique du diocèse de Coire, Mgr Pierre Bürcher répond à ses détracteurs. Dans une lettre adressée le 20 octobre 2020 à tous les agents pastoraux du diocèse, il dénonce sans concession les agissements d’un «petit groupe de personnes qui ne cherchent pas à dialoguer mais à exercer une pression politique».

L’administrateur du diocèse de Coire entend bien remettre les pendules à l’heure. Sur un ton ferme, il déplore le comportement de ses opposants: «Il ne s’agit pas d’un groupe de dialogue, mais d’un ‘groupe de pression’. Mgr Bürcher dénonce d’abord la forme de la contestation. «Ces dernières semaines, un petit groupe de personnes, dont certaines sont en mission dans le diocèse, a essayé de créer un climat avec des méthodes qui ne visent pas à dialoguer mais à exercer une pression politique. L’instrumentalisation des médias et de l’opinion publique par le biais de pétitions est quelque chose qui ne convient pas dans l’Église, qui divise et blesse.»

«La complicité de médias dociles«

L’évêque se fait précis: ” C’est clair, pour moi que si vous voulez parler à quelqu’un, vous ne le harcelez pas pendant des semaines avec une campagne médiatique. […]. On n’annonce pas non plus de manière médiatique qu’on va poursuivre en justice – en référence à un paragraphe du droit canonique interprété arbitrairement – une personne avec qui on prétend vouloir dialoguer. Enfin, on ne harcèle pas les employés de la personne visée pendant des jours par des appels téléphoniques, également enregistrés sur internet. […] Ce n’est pas une invitation au dialogue, mais des mesures d’intimidation, avec l’aide de médias dociles, qui ne manquent bien sûr pas l’occasion de rapporter les attaques contre les dirigeants de l’Eglise.»

Pour Mgr Bürcher, le résultat ne peut être que la division, les blessures et la rupture de l’unité des croyants dans le diocèse, au moment de l’élection et de la nomination d’un nouvel évêque.

L’évêque renvoie la balle à ses opposants

L’évêque prend également ses opposants à leur propre jeu. Puisqu’ils ont démontré qu’ils prenaient le droit canonique très au sérieux, il leur renvoie la balle en citant une série d’articles sur l’unité de l’Eglise. «L’unité de l’Église n’est pas simplement un compromis d’opinions, mais se définit en termes de contenu. […] Puisque le droit ecclésiastique est apparemment maintenant reconnu comme une base commune, je signale, entre autres, les points suivants dans lesquels l’unité dans notre diocèse doit croître pour que l’épiscopat d’un nouvel évêque puisse être vraiment fructueux.» S’en suit un catalogue d’articles sur le rôle de l’évêque, les fonctions du prêtre, le célibat sacerdotal et le mariage.

«Je suis convaincu que c’est seulement sur cette base de fond, dont j’ai cité certains éléments, qu’il y aura une nouvelle unité dans l’Église de Coire, poursuit Mgr Bürcher. Et ce n’est que sur cette base qu’un véritable dialogue est possible, qui ne sert pas à l’affirmation médiatique de ses propres idées, mais qui aide à dire et à proclamer d’une nouvelle manière ce qui a toujours été et sera valable à notre époque, afin qu’il puisse être compris et accepté par le peuple. Je suis toujours prêt pour un tel dialogue. Ma mère m’a toujours appris à la maison à avoir de l’ordre. L’Église m’enseigne cela aussi. L’ordre crée l’unité.»

Le pape François refuse la chasse aux sorcières

L’évêque termine par une longue citation du pape François tirée de son exhortation apostolique «Evangelii Gaudium». Sous le titre ‘Non à la guerre entre nous’ le pontife écrit: «À l’intérieur du Peuple de Dieu et dans les diverses communautés, que de guerres ! Dans le quartier, sur le lieu de travail, que de guerres par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens ! La mondanité spirituelle porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens qui font obstacle à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir ou de sécurité économique. De plus, certains cessent de vivre une appartenance cordiale à l’Église, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Église entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial. (no 98) […] Cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements? (no 100)

«En ce sens, je souhaite que l’esprit de fraternité, qui a été récemment souligné avec tant de force par le pape François dans son encyclique «Fratelli tutti», puisse se développer dans notre diocèse. Cela ne peut se faire que dans la prière les uns pour les autres et dans une foi authentique en Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux», conclut Mgr Bürcher. (cath.ch/com/mp)

Mgr Pierre Bürcher, de passage à cath.ch. | © B. Hallet
20 octobre 2020 | 17:17
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 3 min.
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