Le site du massacre de Wounded Knee en 1890 | domaine public
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Comment le gouvernement Trump veut réécrire l’histoire américaine

L’intention du secrétaire d’Etat à la guerre de Donald Trump. Pete Hegseth de maintenir les distinctions accordées aux soldats de la bataille de Wounded Knee en 1890 choque dans le Dakota du Sud. En fait de bataille, il s’agissait d’un massacre de centaines d’indiens lakotas compris des femmes et des enfants.

Mgr Scott E. Bullock, évêque de Rapid City, et la communauté jésuite régionale ont publié le 20 octobre 2025, une déclaration pour rétablir la vérité historique sur Wounded Knee, rapporte le site catholique osv news. «Si nous nions notre part dans l’histoire, nous aggravons le mal.  Nous ne pouvons pas mentir sur le passé sans perpétuer l’injustice et l’aveuglement moral», souligne le message. «Nous reconnaissons l’intention du gouvernement d’honorer ses troupes, mais nous rejetons tout récit qui efface l’humanité des victimes ou glorifie les actes de violence.»

Des médailles d’honneur contestées

Cette déclaration fait suite à une récente annonce du secrétaire à la Guerre Pete Hegseth selon laquelle 19 «soldats courageux» ayant participé à Wounded Knee, dans le Dakota du Sud, devraient conserver leurs médailles d’honneur, la plus haute distinction militaire du pays.

Dans une vidéo publiée le 25 septembre, M. Hegseth a brandi un rapport commandé en juillet 2024 par son prédécesseur au sein de l’administration Biden, qui demandait un réexamen de l’attribution des médailles aux soldats de Wounded Knee. Selon Hegseth le rapport de son prédécesseur «était plus intéressé par le politiquement correct que par la vérité historique ».

Le massacre de Wounded Knee en 1890

Alors que Pete Hegseth a qualifié les événements du 29 décembre 1890 à Wounded Knee de ›bataille’, les historiens les décrivent plus souvent comme un massacre dans le cadre des efforts systématiques des États-Unis pour déplacer et assimiler de force les peuples autochtones.

Quelques jours avant le massacre de Wounded Knee, le célèbre chef lakota (sioux) Sitting Bull avait été abattu, et un groupe de Lakotas, composé principalement de femmes, d’enfants et de personnes âgées et dirigé par le chef Spotted Elk, cherchait refuge en plein hiver et sans nourriture. Les combattants du groupe s’étaient déjà rendus à l’armée américaine.

Après que les soldats aient tenté de les désarmer, des coups de feu ont éclaté et un massacre s’en est suivi, faisant entre 200 et 350 morts parmi les hommes, les femmes et les enfants lakotas.

Les corps des Lakotas tués ont été enterrés dans une fosse commune. En 1973, le site, situé dans la réserve de Pine Ridge, a été occupé pendant 71 jours par des centaines de militants amérindiens qui protestaient contre la corruption des dirigeants tribaux et le non-respect par le gouvernement américain de plusieurs traités conclus avec les nations autochtones.

Nicholas Black Elk, un survivant du massacre, est devenu plus tard catholique et catéchiste laïc. Sa cause de béatification a été ouverte.

Le Congrès s’excuse 100 ans après les faits

Cent ans après les meurtres, le Congrès américain a présenté ses excuses aux descendants des victimes, mais a conservé les médailles décernées aux soldats.

Mais pour Hegseth «la place des soldats dans l’histoire de notre nation ne fait plus l’objet d’aucun débat. Nous saluons leur mémoire, nous honorons leur service et nous n’oublierons jamais ce qu’ils ont fait. »

Cette manière de déformer l’histoire a fait bondir l’évêque Bullock et les jésuites. Quelques jours seulement après les faits, le général Nelson A. Miles avait décrit Wounded Knee comme «la plus abominable et criminelle erreur militaire et un horrible massacre de femmes et d’enfants».

En 2024, le Sénat du Dakota du Sud a « approuvé à une écrasante majorité » une résolution estimant que la Médaille d’honneur était dépréciée par son maintien aux soldats de Wounded Knee. (cath.ch/osv/mp)

Le site du massacre de Wounded Knee en 1890 | domaine public
28 octobre 2025 | 17:18
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
Donald Trump (197), Etats-Unis (628), indiens (5), massacre (23)
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