Le synode des jeunes s'est déroulé du 3 au 28 octobre 2018 | DR
Vatican

Comment l'Église veut son 'aggiornamento' pour plus de synodalité

Dans un document préparatoire envoyé en amont du Synode sur la synodalité qui s’ouvre le 9 octobre 2021, le Synode des évêques – instance qui l’organise – explique l’esprit et la méthode avec lesquels les diocèses du monde entier sont appelés à travailler pour faire advenir «l’Église du troisième millénaire». I.MEDIA décrypte cet instrument de travail.

C’est pour poursuivre «l’aggiornamento » du Concile Vatican II que le pape François a décidé de lancer le chemin synodal intitulé «Pour une Église synodale: communion, participation et mission». À l’approche de l’ouverture de ce vaste processus qui doit durer deux ans, le Saint-Siège a diffusé le document préparatoire du synode, le 7 septembre 2021, ainsi qu’un vademecum. Ces instruments visent à aider les diocèses du monde entier à mener à bien la première phase d’écoute et de consultation du Peuple de Dieu qui se tiendra du mois d’octobre 2021 au mois d’avril 2022 – la phase continentale puis la phase universelle s’en suivront.

Ce chantier, aussi décrit comme une expérience pilote, doit conduire à une «conversion synodale» de l’Église toute entière. Sans que l’Église ne se transforme en un parlement, précise-t-on, chacun est invité à imaginer un futur différent pour l’Église et pour ses institutions afin que tous puissent pleinement s’y sentir accueillis et participer à son œuvre missionnaire et salvifique. L’un des enjeux, pointe le document, sera par exemple de mettre un terme à la «culture imprégnée de cléricalisme» qui a pu conduire à des abus dramatiques.

Pour mener à bien cette conversion, le Vatican appelle tout le monde à se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et à rester ouverts aux surprises afin de redécouvrir l’esprit synodal qui animait davantage les chrétiens des premiers siècles.

Qui est appelé à participer au Synode?

Un synode signifie «marcher ensemble , aussi le Synode sur la synodalité accorde une importante toute particulière à l’universalité de la démarche. La première phase de ce chemin se déroule dans les diocèses et durera six mois. Elle met l’accent sur l’»inclusivité» et la participation de tous, «en particulier ceux qui pour diverses raisons se trouvent marginalisés», insiste le document préparatoire. Ceux qui devront être particulièrement écoutés sont les pauvres, les jeunes qui ont envie d’agir à l’intérieur de l’Église, mais aussi les femmes pour répondre à la demande d’une plus grande valorisation.

Ce chemin synodal doit aussi permettre de renouveler et affirmer les relations des catholiques avec la famille humaine. Ainsi, la société toute entière y est conviée, ainsi que les autres frères chrétiens et les croyants d’autres religions.

Quelles questions doivent être posées durant la phase diocésaine?

En tout, le document préparatoire propose une cinquantaine de questions. Elles sont résumées dans ces deux interrogations fondamentales :

– «Une Église synodale, en annonçant l’Évangile, ‘marche ensemble’». Comment ce ‘marcher ensemble’ se réalise-t-il aujourd’hui dans votre Église particulière [diocèse, ndlr]?»

– «Quels pas l’Esprit nous invite-t-il à accomplir pour grandir dans notre ‘marcher ensemble’?»

Le Saint-Siège précise que les réflexions devront permettre de relire les expériences vécues, d’en dégager les  blessures visibles et mettre en avant des intuitions.

Afin de préciser la démarche, le document livre une série de  dix pôles thématiques. Chaque thématique regroupe des questions qui mériteront une réponse.

Dans la thématique intitulée «Les compagnons de voyage», le document pose ces deux questions: «quand nous disons «notre Église», qui en fait partie?»; «Quelles personnes ou quels groupes sont-ils laissés à la marge, expressément ou de fait»?

Au sujet de «L’écoute», le document demande «comment les laïcs sont-ils écoutés, en particulier les jeunes et les femmes?». Dans la thématique «célébrer», le Saint-Siège invite à s’interroger par exemple sur la place «donnée à l’exercice des ministères du lectorat et de l’acolytat». Concernant la communication dans l’Église, le synode appelle à se demander comment fonctionne le rapport avec les médias, et «qui parle au nom de la communauté chrétienne».

Dans la thématique «Autorité et participation», il s’agit notamment de réfléchir à la façon dont sont encouragés les ministères laïcs et la prise de responsabilité de la part des fidèles.

Comment les discussions vont-elles s’organiser?

Le 10 octobre prochain, les évêques – chargés de la coordination – devront avoir nommé un ou plusieurs responsables en charge de constituer une équipe d’organisation du chemin synodal diocésain. Le document précise que les discussions à venir ne sauront se limiter à une série de rencontres ou un exercice de collecte de données mais devront être envisagées comme un  processus spirituel tourné vers le discernement. 

Les différentes formes que peuvent prendre ces moments sont donc à explorer. Il s’agit néanmoins d’éviter de faire du synode un «parlement». Pour Rome, cela serait confondre la «synodalité avec une «bataille politique» dans laquelle, pour gouverner, un camp doit vaincre l’autre».

Quelles formes les conclusions de la consultation doivent elles prendre?

Il est important de parvenir à condenser les fruits de la prière et de la réflexion en une synthèse d’une dizaine de pages au maximum, insiste le document préparatoire. L’idée est ainsi d’éviter une production exponentielle de documents, sachant que plus de 4’000 diocèses sont invités à mener la réflexion. Ces travaux de la première phase diocésaine seront le support principal des phases continentale et universelle.

Le document préparatoire se conclut par cet avertissement: «Le but du Synode […] n’est pas de produire des documents, mais de faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains». (cath.ch/imedia/cd/hl/mp)

Le synode des jeunes s'est déroulé du 3 au 28 octobre 2018 | DR
7 septembre 2021 | 14:44
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 4 min.
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