Le nonce présente les excuses de l’Eglise au président
Congo Brazzaville: Des propos du président de la Conférence épiscopale heurtent le pouvoir
Brazzaville, 16 mai (Apic) Polémique entre le nonce apostolique à Brazzaville, Mgr Mario Roberto Cassare, et le président de la Conférence Episcopale du Congo (Cec), Mgr Ernest Kombo, traité par le premier de «démagogue, populiste et pseudo- politicien». Le président de la Cec avait prononcé le 4 mai des paroles qui ont heurté le président congolais, rapporte la BBC.
«La jeunesse aux abois ne sait plus respecter les parents, grands- parents, oncles et tantes. Certains ont même des mains salies par le sang; aidez-nous à obtenir le pardon et de Dieu et des ancêtres», a notamment déclaré Mgr Kombo, lors des funérailles de l’ancien archevêque de Brazzaville, Mgr Barthélémy Batantu. «L’Eglise et la nation congolaise ont soif d’amour, de paix, d’unité», avait-il ajouté. Il a prié pour «l’estime des uns des autres, l’ardeur à travailler, et la réconciliation totale et profonde» dans le pays.
L’hebdomadaire catholique congolais, «La Semaine Africaine», a affirmé que le président Dénis Sassou Nguesso n’avait pas apprécié ces propos. Il les aurait vécus comme une véritable humiliation. Il aurait exprimé sa vive désapprobation auprès des évêques congolais et exigé d’eux des excuses publiques.
Le nonce apostolique lui avait auparavant adressé une lettre d’excuses, désapprouvant le président du Cec. «L’Eglise n’a pas besoin de démagogues, de populistes et de pseudo- politiciens dans son corps», a notamment écrit le diplomate du Vatican au président, à son épouse et au gouvernement.
Un contentieux de 13 ans entre le président et Mgr Kombo
Malgré tout, le président n’a pas décoléré. Selon la «Semaine Africaine», il aurait soutenu qu’il n’aimerait plus jamais rencontrer Mgr Ernest Kombo. Une réaction qui a surpris les Congolais. Lors de son allocution le président de la Cec a été plus d’une fois interrompu par des applaudissements. Beaucoup voient dans la réaction du président un contentieux remontant à 1991. La conférence nationale souveraine, présidée par Mgr Ernest Kombo, avait alors dépossédé le président Dénis Sassou Guésso de tous ses pouvoirs.
L’épiscopat congolais, de son côté, a vécu comme une «trahison», les excuses du nonce apostolique aux dirigeants du pays. «Il ne nous a rien dit avant d’envoyer cette lettre alors que nous avions l’habitude de nous concerter pour ce type d’action», a déclaré à «La Semaine Africaine», un membre du clergé. Mgr Kombo s’est étonné, dans une interview à ce même hebdomadaire, des réactions suscitées par ses propos. «Si je demande que pour la jeunesse, la paix et la sécurité revienne, la réconciliation nationale soit totale, quelle injure peut-il y avoir et contre qui?», a-t- il demandé. (apic/ibc/bb)