A Kavumu, en RDC, des fillettes sont victimes de pervers (Photo d'illustration:AfricanObserver/WikimediaCommons/CC BY-NC-ND 3.0)
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Congo: Des dizaines de fillettes violées, la magie noire soupçonnée

Kinshasa, 26 avril 2015 (Apic) A Kavumu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), des dizaines de petites filles, de 6 mois à 11 ans, se sont fait violer par des hommes qui s’introduisent chez elles en pleine nuit. Des pratiques de sorcellerie destinées à acquérir pouvoir et richesse sont en cause.

Enlevées chez elles, des dizaines de fillettes congolaises subissent régulièrement des violences sexuelles, rapporte fin avril 2015 la version française du magazine en ligne américain «Slate». Dans la petite ville de Kavumu, en face du Rwanda, des hommes viennent les kidnapper en pleine nuit. Ils s’introduisent dans la maison et emmènent leur victime pour la violer sauvagement. Au petit matin, ils la ramènent chez elle, parfois entre la vie et la mort.

Si la petite fille est encore vivante, elle doit souvent être hospitalisée d’urgence pour recevoir des soins adaptés «parce qu’un pénis ou un objet quelconque aura écrasé ses organes tout au fond de son corps», explique le site internet. En un an, près de 35 d’entre elles ont eu besoin d’une chirurgie lourde dès leur entrée à l’hôpital. D’autres ont dû y rester des mois pour traiter de lourds traumatismes.

Etrangler un bébé pour devenir riche

Les auteurs de ces agressions restent inconnus. La justice n’a pour l’heure pas pu identifier les responsables, malgré l’implication de l’ONU et de plusieurs associations. Les habitants cherchent ainsi eux-mêmes les coupables. Beaucoup de rumeurs mettent en cause des pratiques de sorcelleries. Croire au surnaturel, et notamment à la magie noire, n’est pas un phénomène rare au Congo, assure «Slate». Des enfants sont parfois accusés d’être des sorciers, certains se font même exorciser. Dans d’autres cas, faire du mal à des enfants est considéré comme un moyen pervers de s’attirer la fortune. Stefano Severe, le responsable régional du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) mentionne ainsi le kabanga, une pratique consistant à étrangler un bébé avec une corde et à vendre ensuite la corde.

A Kavumu, Georges Kuzma, ancien conseiller de l’organisation humanitaire «Physicians for Human Rights» (PHR) sur les violences sexuelles, explique que, selon certains locaux, les auteurs des viols nocturnes font du mal aux enfants afin de se porter bonheur. «Ils pensent que les bourreaux veulent retirer les organes génitaux ou reproductifs des bébés ou des petites filles pour avoir davantage de chance».

Neema Namadamu, militante pour les droits des femmes vivant, à Bukavu, dans l’est de la RDC, parle quant à elle d’une croyance superstitieuse voulant que «si vous couchez avec des vierges, vous serez couverts de diamants rouges».

L’œuvre de soldats traumatisés?

Une autre piste est également envisagée: celle de militaires de l’armée congolaise renvoyés chez eux après les combats sans suivi psychologique. Ils seraient ainsi devenus des pervers en l’absence de traitement de leur stress post-traumatique. (apic/slate/ag/rz)

A Kavumu, en RDC, des fillettes sont victimes de pervers (Photo d'illustration:AfricanObserver/WikimediaCommons/CC BY-NC-ND 3.0)
26 avril 2015 | 11:39
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
RDC (126), Sorcellerie (20), Viol (52)
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