Sus aux sectes, à la magie, à la superstition, à la sorcellerie

Congo: Les religieux rappelés à leur fonction prophétique

Kinshasa, 9 février 2001 (APIC) Les religieux et religieuses sont-ils un signe d’espérance ou un élément de confusion dans une société déjà pleine de conflits? La question a été posée au Congo-RDC par l’Union des Supérieurs Majeurs (USAMA) et par l’Association des Supérieures Majeures (ASUMA), dans un message conjoint diffusé pour la Journée de la Vie Consacrée le 2 février. Un texte sans complaisance qui invite au «radicalisme évangélique» et dénonce notamment le fait que des ex-religieux continuent de semer le trouble.

Au Congo, peut-on lire, le charisme de la vie consacrée se vit dans un contexte de crise généralisée: crise sociale, crise économique, crise politique, crise des institutions, crise morale, crise de modèle, crise de l’homme, crise du religieux, voire même crise de Dieu. Les supérieurs religieux assistent «impuissants à la pêche en eau trouble de certains mouvements mystico-religieux qui cherchent à profiter du désarroi général, à exploiter les peurs nées de l’avenir incertain et de la précarité de la vie», où «tous les moyens sont bons pour gagner le pouvoir et l’avoir». D’où le retour en force de la sorcellerie, de l’occultisme, de la superstition, de la magie, de la rose croix, des sectes.

Une identité de plus en plus floue

Vu la crise économique, les religieux sont «de plus en plus regardés comme des puissances financières à qui recourir pour des difficultés matérielles». Au négatif, il plane «un flou plus ou moins total» sur leur vraie identité et sur la réalité de leurs trois vœux. Un flou entretenu d’abord par les contre-témoignages dans la vie des religieux eux mêmes, précise le message. Ensuite par la multiplication des congrégations des ex-religieux et ex-religieuses au mépris des directives claires de la hiérarchie. La mise en garde vise des ex-frères et ex-sœurs toujours en habit (ou symbole religieux), mais dont la conduite est aux antipodes des valeurs de la vie religieuse, semant ainsi la confusion dans la tête des fidèles sur notre identité réelle.

Chez les religieux eux-mêmes, il règne une confusion sur leur identité propre et sur leur mission dans l’Eglise, observent les supérieurs: «La frontière entre le sacré (et donc séparé) et le profane tend à disparaître, nous vivons comme tout le monde, nous parlons comme tout le monde, nous fêtons et dansons comme tout le monde, etc. L’accent est mis sur le paraître souvent démenti par les contre-témoignages de notre vie. Nous admettons des jeunes au noviciat sans tenir compte de la rectitude de leur foi chrétienne, de leur comportement moral.

Le Christ n’étant plus au centre de leur vie, des religieux «se sont érigé des veaux d’or supposés leur assurer sécurité, protection, chance, pouvoir et avoir», et ils «atterrissent vite dans l’occultisme, la sorcellerie, la magie, la Rose-Croix et autres charlatans trafiquants des promesses de bonheurs illusoires». Les chapitres électifs et les nominations sont «propices à tous les coups bas». En outre, la tendance au repli sur soi «guette aussi bien les religieux comme individus que les congrégations comme institutions».

Signes distinctifs uniquement pour les consacrés

Le message rappelle longuement ce que signifie être «consacré pour le Royaume» et «signe prophétique dans l’Eglise». L’occasion de rappeler que les signes distinctifs de la consécration (habit religieux, foulard, soutane, croix…) ne peuvent être portés par des personnes qui n’ont pas un lien canonique à une congrégation. Et si cela ne vaut pas pour les consacrés en rupture de communion avec leurs instituts parce qu’ils sont à l’origine de nouvelles congrégations, ceux-ci doivent faire preuve de discernement, et les évêques veiller à «séparer le bon grain de l’ivraie».

Pour que l’action soit plus efficace, les religieux doivent mettre en commun leurs énergies dans des structures de collaboration entre les congrégations et avec la hiérarchie. L’Asuma-Usuma est là pour ça. «Mais Asuma-Usuma n’est pas affaire de quelques-uns, c’est notre affaire à nous tous et son bon fonctionnement doit devenir le souci de tous», insiste le message, qui annonce de prochains colloques sur des sujets d’intérêt commun dès que des commissions nouvellement créées seront fonctionnelles. (apic/cip/dia/bb)

9 février 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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