Danger d’implosion à Kisangani

Congo : Mgr Monsengwo, archevêque de Kisangani, aurait reçu des menaces de mort

Kisangani, 16 mars 2001 (APIC) Depuis le lundi 12 mars, on observe à Kisangani «un déploiement militaire important», selon le Groupe Justice et Libération. L’ONG catholique précise que «les autorités politico-militaires de la principale ville de la Province Orientale ont justifié cette mesure par crainte d’un débordement de la manifestation populaire annoncée suite au contrat léonin d’importation des pagnes contre les intérêts de la SOTEXKI (Société textile de Kisangani)».

Selon des «sources crédibles», Mgr Monsengwo, archevêque de Kisangani, et Jean-Pierre Badidike, prêtre de l’archidiocèse et conseiller du Groupe Justice et Libération «seraient menacés de mort» et  » d’autres leaders de la société civile de la ville seraient dans le collimateur des services de sécurité».

D’après le Groupe Justice et Libération de Kisangani, les responsables du Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD-Kisangani) multiplient les gestes visant à fragiliser la société civile locale. Dans une lettre datée du 7 mars adressée aux organisations des droits de la personne et à des mouvements associatifs, le gouverneur de la Province orientale, M. Yogba, annonce qu’il suspend le fonctionnement de toutes les associations jusqu’à nouvel ordre. Depuis la publication de cette lettre, le maire de Kisangani, Willy Tchoko, «excelle dans le matraquage des leaders de la société civile», s’inquiète le Groupe Justice et Libération, qui «appelle à la pression de la communauté nationale et internationale pour que la société civile de la Province orientale jouisse de tous les droits et libertés d’association, de mouvement, de réunion…. garantis par la Déclaration universelle des droits de l’homme et par plusieurs instruments internationaux».

Les habitants de Kisangani menacés par les mines

Depuis l’occupation de la Province orientale par les armées du Rwanda et de l’Ouganda et les combats pour le contrôle exclusif de Kisangani, des milliers des mines ont été posées dans tous les coins périphériques de la ville, et huit morts sont déjà à déplorer. Ce bilan va s’alourdir si toute la forêt environnante n’est pas déminée, avertit le Groupe Justice et Libération, qui souligne que «la présence de ces mines constitue un danger permanent pour toute la population civile de Kisangani et pour plusieurs villages des environs».

Face à cette situation, le groupe Justice et libération demande aux autorités locales du RCD «de détendre l’atmosphère et d’éviter les menaces et autres plans qui risquent de faire imploser toute la ville». Pour le groupe, «les efforts doivent plutôt être tournés vers le processus de retrait des troupes étrangères qui, apparemment, ne veulent pas abandonner les minerais de la province et la sauce bloquée de Kisangani  » – spécialité culinaire de la ville «très prisée par les étrangers».

Kisangani, au nord-est de la République Démocratique du Congo, a subi trois affrontements armés entre le Rwanda et l’Ouganda, pourtant alliés dans la guerre contre le régime du feu président Laurent-Désiré Kabila. Les affrontements du 5 au 10 juin 2000 ont été les plus meurtriers et les plus dévastateurs. La mission de l’ONU à Kisangani présente lors de ces affrontements avait dénoncé l’attaque délibérée des civils. Le mouvement humanitaire avait même parlé d’un «génocide silencieux». (apic/cip/dia/bb)

16 mars 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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