Congo RDC: appel des évêques contre la haine et la xénophobie
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s’est jointe, le 18 janvier 2024, aux organisations de défense des droits humains pour dénoncer la prolifération de discours de haine dans les médias et relayés notamment pendant la campagne électorale présidentielle et locale, en décembre dernier.
La CENCO a appelé le gouvernement de la République démocratique du Congo à «décourager la xénophobie et les élans de tribalisme dans le pays». Publiée le 18 janvier 2024, la déclaration des évêques avait pour thème: «Celui qui se livre à la fraude n’habitera pas dans ma maison, tiré du livre de Psaume 101 verset 7».
Depuis plus d’un an, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), et la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO), entre autres, fustigent la publication de messages incitant à la haine tribale et à la xénophobie, dans les médias ainsi que sur député, les réseaux sociaux et dans les discours de certains acteurs socio-politiques.
Un projet discriminatoire
En juillet 2021 déjà, le député Nsingi Pululu avait introduit une proposition de loi discriminatoire dite «Loi sur la ‘Congolité’». Appelée aussi «loi de père et mère», elle visait à réserver les fonctions régaliennes dans le pays «aux seuls congolais, nés de pères et mères congolais», excluant tout autre citoyen né de parents congolais et étranger.
Inspiré par un candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, Noël Tshiani, ce projet de loi a été rejetée par la société civile, ainsi que par la CENCO, et n’a jamais été discutée par le parlement. Pour le cardinal Fridolin Ambongo, ancien vice-président de la CENCO, c’est «un dangereux projet de loi qui ne promet point la cohésion nationale tant souhaitée (…)».
Un contre-projet pour le vivre-ensemble
Pour contrecarrer cette proposition de loi, un autre député, Gary Sakata, a initié une contre-projet «contre le tribalisme, la xénophobie et le racisme». Son but est de renforcer «l’authentique cohésion nationale et promouvoir les conditions propices du vivre-ensemble». Elle prévoit, entre autres, la consécration d’une institution permanente de surveillance de l’action contre le tribalisme, le racisme et la xénophobie, l’évaluation périodique des mesures anti-discriminatoires par le parlement, selon radio Okapi, la radio des Nations-Unies au Congo.
Dans sa déclaration, la CENCO a exhorté les congolais «à vivre ensemble dans la solidarité et la cohésion nationale, afin que leur pays ne sombre pas dans la violence et les divisions». Pour se faire, elle proposé au le gouvernement de mettre en place un mécanisme politique destiné à «renforcer la cohésion nationale».
Soutien et critiques
Les évêques congolais ont demandé aux jeunes de ne pas se laisser «manipuler et instrumentaliser par les hommes politiques qui les exploitent pour leurs intérêts égoïstes». Ils ont réitéré aux personnes de bonne volonté leur «appel au dialogue, au calme, à la paix et à l’apaisement des esprits». Dans ce contexte, ils ont promis au président Félix Tshisekedi de lui apporter leur soutien afin de lui permettre de mener à bien ce deuxième et dernier mandat de cinq ans, à la tête du pays, dans l’intérêt de la population.
Néanmoins, ils ont critiqué la campagne présidentielle et les locales du 20 décembre dernier, marquée par la victoire (73%) du chef de l’État sortant et de son parti. Selon les évêques, le scrutin a été «caractérisées par la fraude, la corruption à grande échelle, le vandalisme électoral, l’incitation à la violence, l’achat de consciences, l’intolérance, l’impunité, l’atteinte aux droits humains, à la vie humaine, et à la dignité de personne». Ils ont déclaré, à ce sujet, avoir découvert «un nombre impression de votes parallèle, avec des machines à voter trouvées chez des particuliers». (cath.ch/ibc/gr)