Déporté par les rebelles du RCD en février
Congo: Retour triomphal de Mgr Emmanuel Kataliko à Bukavu
Bukavu, 15 septembre 2000 (APIC) Mgr Emmanuel Kataliko, archevêque de Bukavu, en République démocratique du Congo, a fait jeudi soir un retour triomphal dans son diocèse, après 7 mois de bannissement à Butembo, dans l’est du pays occupé par les rebelles pro-rwandais du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Le Vatican a fait savoir vendredi sa satisfaction concernant le retour à Bukavu du prélat déporté par les rebelles.
Le pape Jean Paul II avait sévèrement critiqué le refus du RCD de permettre le retour de l’archevêque de Bukavu, déporté sous l’accusation d’incitation à la haine ethnique contre la population d’origine tutsie et d’incitation à la révolte contre l’occupation étrangère. L’est de l’ex-Zaïre, occupé par des unités des armées rwandaise, ougandaise et burundaise, est soumis à un pillage et à une répression systématiques, dénoncent les milieux d’Eglise sur place. Les rebelles du RCD, en déportant Mgr Emmanuel Kataliko, voulaient faire taire une voix dérangeante qui a dénoncé à plusieurs reprises les maux dont souffrent la région, notamment l’occupation étrangère relayée par des factions locales.
Jeudi soir, les cloches de Bukavu, dans le Sud-Kivu, ont sonné à tout va pour célébrer le retour de l’archevêque après sept mois et deux jours d’exil forcé à Butembo, dans le Nord-Kivu. La foule s’est dirigée vers la cathédrale au son des tambours. Le 12 février dernier, les autorités du RCD-Goma (Rassemblement Congolais pour la Démocratie, aux ordres de Kigali et dirigé par Emile Ilunga et Jean-Pierre Ondekane, qui contrôlent le Sud-Kivu), ont interdit à l’archevêque de regagner Bukavu.
Intervention du pape Jean Paul II
De nombreuses voix de la communauté internationale, dont celle du pape Jean Paul II, s’étaient élevées depuis pour faire pression en faveur de son retour dans son archidiocèse. Mgr Kataliko n’avait été averti que le matin même qu’il pouvait rentrer chez lui. A son arrivée à Bukavu, il était accompagné de l’évêque de Butembo. Il s’est rendu à la cathédrale sous forte escorte, en compagnie du gouverneur de Bukavu, alors que les communautés et les paroisses, averties peu auparavant, se sont rassemblées à la cathédrale «dans la joie et dans les chants», selon des sources religieuses. Les cloches se sont mises à sonner et la foule s’est massée autour de la cathédrale.
Vague d’arrestations début septembre à Bukavu
Les rebelles du RCD ont pris ces derniers temps pour cible des acteurs de la société civile du Sud-Kivu, des hommes politiques récemment nommés à l’Assemblée constituante par le gouvernement de Kinshasa ainsi que des représentants de l’Eglise catholique. Au début du mois, à l’occasion de la visite effectuée dans les territoires congolais occupés par le cardinal Frédéric Etsou Frédéric Etsou Nzabi Bamungwabi, archevêque de Kinshasa et nouveau président de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (dont Mgr Kataliko vient également d’être élu vice-président), les rebelles d’Emile Ilunga, président du RCD, avaient procédé à plusieurs arrestations de militants des droits de l’homme de Bukavu. La ville a été secouée le 26 août dernier par un attentat à la bombe au centre ville qui a fait 13 morts et une cinquantaine de blessés. (apic/misna/bia/fides/be)