Trois ans après le coup d'Etat de février 2021 (photo), la junte birmane veut rendre la circonscription obligatoire | © Églises d'Asie
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Conscription obligatoire au Myanmar, les jeunes fuient le pays

La junte militaire birmane, confrontée à une résistance armée gagnant en ampleur, a déclaré en février 2024 vouloir rendre le service militaire «obligatoire», mais sans donner plus de détails. Cette annonce a plongé un grand nombre de jeunes dans l’inquiétude. Des milliers d’entre eux tenteraient de quitter le pays, indique l’agence catholique fides.

Joseph Kung, un catholique vivant à Yangon, a témoigné auprès de fides de l’anxiété de familles catholiques ayant des fils et des filles en âge d’être enrôlés dans l’armée, soit 18 à 35 ans pour les hommes et 18 à 27 ans pour les femmes. La junte, en effet, a déclaré il y a quelques jours qu’elle appliquerait une loi permettant de les enrôler pour une période de conscription de deux ans. Sont ainsi concernés, selon les données statistiques 2022, 4,5 millions d’hommes et 2,2 millions de femmes.

Un signe de faiblesse sur le terrain

Depuis le coup d’État militaire qui a renversé Aung San Suu Kyi le 1er février 2021, la junte au pouvoir fait face à une résistance armée menée par une alliance de groupes rebelles, qui a pris de l’ampleur en 2023. Ces derniers mois, l’armée régulière a subi des pertes et des défaites, se retirant de vastes territoires, en particulier dans les provinces frontalières (où opèrent les armées des minorités ethniques), tout en conservant le contrôle des grandes villes.

Selon les observateurs, cette décision de la junte pourrait être interpréter comme un signe de faiblesse et confirmer une position précaire sur le champ de bataille.

Résistance ou fuite

Compte tenu de l’aggravation de la crise socio-économique qui frappe les familles, le recrutement forcé pourrait ne pas avoir les effets escomptés. Il pourrait même entraîner une forte vague migratoire.

«Cette loi n’a aucune légitimité, car le régime est un groupe armé qui a pris le pouvoir par la force et n’a aucun mandat pour promulguer des lois», a déclaré U Kyaw Zaw, porte-parole du Gouvernement d’unité nationale (NUG) en exil, exhortant les jeunes à ne pas répondre à l’appel.

Selon des sources de l’agence fides, il est plausible qu’une grande partie de ces jeunes résistent effectivement en rejoignant des groupes rebelles (les Forces de défense du peuple ou les milices ethniques) ou tentent d’échapper à la loi en quittant le pays, en direction de la Thaïlande, de la Chine ou de l’Inde. Ce serait déjà le cas de milliers de jeunes Birmans. Les demandes de visa pour la Thaïlande ont d’ailleurs explosé. (cath.ch/fides/lb)

Trois ans après le coup d'Etat de février 2021 (photo), la junte birmane veut rendre la circonscription obligatoire | © Églises d'Asie
21 février 2024 | 13:47
par Lucienne Bittar
Temps de lecture: env. 2 min.
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