Dégâts causés par l’ouragan Irma à Antigua et Barbuda en septembre 2017. | © Silva Lauffer/UNDAC
Suisse

COP 23: Caritas Suisse demande la création d'un statut de réfugié climatique

Caritas Suisse exhorte les pays riches et les instances internationales à accorder un statut officiel aux réfugiés climatiques. L’œuvre d’entraide catholique constate le 9 novembre 2017, en plein sommet international sur le climat à Bonn (Allemagne), que les pays développés, responsables de la dégradation du climat accueillent très peu de ces réfugiés. L’ONU et les Etats prônent une approche régionale plutôt que globale.

 «Les réfugiés climatiques ne sont pas reconnus par la Convention de Genève relative aux réfugiés. C’est là une carence à laquelle il faut d’urgence remédier», demande Caritas. Mais la communauté internationale hésite à prendre ce thème en main, déplore l’œuvre d’entraide pour qui les pays riches comme la Suisse, avec leur exploitation effrénée des ressources, sont pourtant plus responsables du changement climatique que les pays en développement. Ils sont donc responsables des mouvements d’exil que le changement climatique engendre.

«Ils doivent prendre leurs responsabilités et travailler, aussi bien sur les causes des problèmes climatiques et de justice qu’ils posent, que sur la réduction de leurs effets», souligne Caritas.

Donner un cadre juridique

Caritas, dans sa prise de position «Protection et perspectives pour les réfugiés climatiques», appelle le monde politique suisse à agir. Il faut en premier lieu poser un cadre juridique international permettant de reconnaître le statut de réfugié climatique et de leur offrir protection. Caritas Suisse invite le Conseil fédéral à promouvoir un statut de ce genre.

Un soutien financier nécessaire

De plus, les pays pauvres ont un urgent besoin de soutien financier qui leur permettrait de mieux se protéger contre les catastrophes naturelles et de mettre en place des stratégies d’adaptation aux changements environnementaux. La Suisse, en ratifiant l’Accord de Paris sur le changement climatique, s’est engagée à offrir cette prestation financière, rapelle Caritas qui demande de la concrétiser.

La Suisse, enfin, doit contribuer notablement à freiner le changement climatique à l’intérieur de ses frontières: il faut promouvoir les énergies renouvelables, une production et une consommation durables et il faut adopter des instruments de financement selon le principe du pollueur-payeur.

Une approche régionale pour un statut de réfugiés climatique

Caritas Suisse prend ainsi position alors que s’est ouverte le 6 novembre dernier, la conférence internationale sur le climat (COPP 23) à Bonn, en Allemagne. Or l’ONU privilégie une approche régionale plutôt que mondiale face à la question de la création d’un statut de réfugié climatique.

«Le statut légal de réfugié est prévu par la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés (…) qui est essentiellement la persécution», explique Marine Franck, chargée de programme à la Division de la protection internationale de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Mais elle ajoute que dans le contexte du déplacement causé par les changements climatiques, ce statut de réfugié pourrait s’appliquer dans des cas de persécution, ce qui n’est, la plupart du temps, pas le cas.

Une précédente tentative de créer un statut de réfugié climatique

Marine Franck rappelle qu’en 2011, il y a eu une tentative des Etats de mettre en place ce statut de réfugié pour les personnes déplacées par le changement climatique. «Mais la plupart des pays ne sont pas prêts à ouvrir ce statut et certains considèrent d’ailleurs que cela pourrait diminuer la protection des réfugiés qui sont persécutés», relève-t-elle. Cela signifierait la renégociation de la Convention, «ce que les États ne souhaitent pas».

Elle évoque la pratique, à l’échelle nationale et régionale, des visas et de la protection humanitaires et des lois nationales sur la migration, permettant aux réfugiés climatiques d’être protégés et de recevoir une assistance.

Les réfugiés climatiques sont majoritairement les petits paysans, les éleveurs et les pêcheurs, les personnes sans terres et les habitants de bidonvilles des pays les plus pauvres. Ces personnes qui doivent fuir leur zone d’habitation n’arrivent que très rarement jusqu’en Suisse.

Les pays en développement accueillent le plus grand nombre de réfugiés climatiques, les mouvements migratoires se faisant surtout au sein même des pays touchés ou dans les pays voisins. (cath.ch/com/bh)


Les catastrophes naturelles accentuent les flux migratoires

«Au cours de cette saison des ouragans, nous avons vu le déplacement de 1,7 million de personnes à Cuba, soit l’équivalent de 15% de sa population», a noté la responsable du programme humanitaire d’Oxfam en République dominicaine, Camila Minerva, à la COP 23 à Bonn, en Allemagne.

Selon des chiffres du Conseil norvégien pour les réfugiés, la moyenne annuelle de déplacements liés aux catastrophes a été de 25,3 millions de personnes dans le monde entre 2008 et 2016. Les cinq pays les plus affectés proportionnellement à leur population sont tous des Etats insulaires. Il s’agit de Cuba, de Fidji, des Philippines, de Tonga et du Sri Lanka.

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que le nombre de personnes déplacées à cause des événements climatiques extrêmes sera de 150 millions de personnes en 2050.

Dégâts causés par l’ouragan Irma à Antigua et Barbuda en septembre 2017. | © Silva Lauffer/UNDAC
9 novembre 2017 | 11:37
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 3 min.
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