COP28 : Ce que va faire la petite délégation du Saint-Siège à Dubaï
Depuis 2022, le Saint-Siège est un État membre de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP). Du 30 novembre au 12 décembre, il s’apprête à participer à la COP28 à Dubaï avec une petite délégation de 7 personnes, au côté de plus de 70.000 délégués de quelque 200 pays invités. I.MEDIA s’est informé sur les lignes d’action des représentants du Vatican, qui seront guidés par le pape François lui-même, qui doit se rendre sur place du 1er au 3 décembre.
Ayant adhéré à la convention de l’Accord de Paris le 4 octobre 2022, le Saint-Siège peut désormais participer aux négociations et travailler aux textes. Ce nouveau statut d’État-partie – et non plus simplement État observateur – est « une très grande nouveauté en termes d’implication », souligne à I.MEDIA une source vaticane proche de ce sujet.
Mais au côté des délégations fournies des grands pays, les sept délégués du Vatican semblent un chiffre bien maigre. « Le Saint-Siège a clairement un rôle différent », explique la source. Il ne s’agit pas d’entrer dans tous les thèmes mais de porter « la voix de ceux qui ne participent pas aux négociations, comme les indigènes, les populations marginalisées, de servir de pont entre pays qui ont moins d’écho ».
En outre, cette année, la présence du pape François appuiera d’une manière exceptionnelle le travail de la délégation, composée notamment d’employés du dicastère pour le Service du développement humain intégral – l’un des plus gros ministères du Vatican. « Dans les thèmes environnemental, écologique, social, le leadership du pape est indiscutable, y compris parmi les non-catholiques. Sur les questions climatiques, le pape a beaucoup de crédibilité, il a une voix symbolique très forte », argue l’expert environnementaliste.
Le pontife a d’ailleurs donné au Vatican une feuille de route claire avec l’exhortation apostolique Laudate Deum – suite de l’encyclique Laudato si’ –, un texte spécifique, centré sur le forum de l’ONU, dans lequel un chapitre entier est dédié à l’échec des COP et un autre au sommet de Dubaï.
Les points d’attention du Saint-Siège
Selon nos informations, le Saint-Siège sera particulièrement vigilant cette année au suivi du fonds pour les pertes et dommages qui a été voté lors de la COP précédente. Ce fonds d’argent, destiné aux pays en voie de développement souffrant des conséquences du dérèglement climatique, résonne avec la « dette écologique » des pays riches et pollueurs, dont parle François dans ses documents.
« Rien n’a encore été défini sur la façon dont ce fonds travaillera, ni qui paie, ni qui reçoit… À la COP28, l’un des points d’attention sera de comprendre comment cela fonctionne », analyse l’expert. Selon lui, le Vatican s’intéresse spécifiquement à la question des « pertes non-économiques », comme celles des cultures locales – incluant la biodiversité et le patrimoine religieux. Des pertes difficilement quantifiables mais que le Vatican juge importantes. « Si ce fonds n’est pas suivi d’effets, on ira d’échec en échec et l’attention sur ces COP baissera », s’inquiète-t-on encore derrière les murs de la cité vaticane.
Autre thème d’intérêt pour le Saint-Siège : la « mitigation », un des piliers de l’Accord de Paris, selon lequel les États s’engagent à réduire les émissions carbones. « Ces dernières années, ce thème était central dans l’environnement. À présent cela tend à dévier. On parle plus de réparation des dégâts que de prévention », constate l’environnementaliste. Et de glisser : « Beaucoup de pays industrialisés n’ont pas trop intérêt à servir cette cause ».
En tant qu’État-partie, le Saint-Siège a dû présenter par ailleurs une contribution déterminée au niveau national (CDN) sorte de plan d’action régulièrement mis à jour pour atteindre l’émission zéro. Ce programme technique, réalisé par le gouvernorat de la Cité du Vatican, a été envoyé au secrétariat de l’ONU et est publié sur le site officiel de l’organisme. (cath.ch/imedia/ak/mp)