Corée: Le cardinal Kim invite le Japon à reconnaître les erreurs de son passé militariste
Séoul, 26 avril 2001 (APIC) Le cardinal Kim, ancien archevêque de Séoul, invite le Japon à reconnaître les erreurs de son passé militaire.
Le cardinal joint ainsi sa voix aux virulentes critiques qui se sont élevées en Corée du Sud et ailleurs en Asie après l’approbation, par les autorités japonaises, d’un manuel d’histoire destiné aux lycéens du Japon et écrit par des historiens nationalistes soupçonnés de vouloir cacher les agressions commises par le Japon pendant la guerre.
Le Japon » ne peut renaître et être respecté par la communauté internationale» que s’il fait preuve d’humilité et d’honnêteté en reconnaissant ses erreurs passées et en enseignant la vérité à sa jeunesse, a déclaré le cardinal sur les ondes de la «Korea Broadcasting System». «Aux yeux du peuple coréen et de nombreux autres peuples d’Asie qui ont eu à souffrir du colonialisme japonais, les distorsions apportées à l’histoire feront du Japon une nation à qui il n’est pas possible de pardonner», a-t-il ajouté.
La prise de position du cardinal Kim, figure respectée non seulement au sein de l’Eglise catholique, mais également par de vastes secteurs non chrétiens de la société sud-coréenne, intervient après que les autorités de Séoul eurent fait savoir leur vif mécontentement en rappelant leur ambassadeur à Tokyo et en l’y renvoyant une semaine plus tard, porteur d’une lettre officielle de protestation. La Chine, Taiwan et la Corée du Nord ont également fait part de leur courroux.
Sentiments anti-japonais
Comme en écho aux propos du cardinal Kim, les médias sud-coréens ont largement répercuté les manifestations de colère de nombreux secteurs de la société sud-coréenne. Cette colère n’est pas limitée aux générations âgées qui ont connu l’occupation japonaise et la seconde guerre mondiale. Un récent clip d’un chanteur de variétés en vogue, Kim Sung-jib, montrait ainsi durant cinq longues secondes un drapeau japonais en flammes avec la légende suivante: «La guerre n’est pas finie».
Bien que les produits culturels de masse japonais soient très présents dans les rues de Séoul depuis la levée de leur interdiction en 1998 (une interdiction qui avait duré un demi-siècle) et que la jeunesse sud-coréenne en fasse une large consommation, l’expression publique par des jeunes Sud-Coréens de sentiments anti-japonais montre combien ces attitudes sont profondément ancrées dans le pays.
Un futur cardinal coréen dans l’armée japonaise !
En 1999, le cardinal Kim était revenu sur les années de la guerre et avait fait part de sa tristesse de s’être joint «volontairement» à l’armée impériale japonaise. Le cardinal était alors séminariste, étudiant à Sophia, l’université jésuite de Tokyo.
«Comme les autres jeunes hommes venues des colonies [du Japon], je ne voulais pas m’enrôler. Mais j’ai dû le faire lorsque j’ai reçu un courrier officiel (m’ordonnant de le faire) de la part de l’Eglise, soumise aux très fortes pressions du Japon», a-t-il alors écrit. «Avec d’autres soldats coréens sur une île de l’archipel d’Ogasawara, j’ai tenté de fuir et de rejoindre l’armée américaine, mais c’est alors qu’un avion américain a pris pour cible le petit bateau sur lequel nous avions embarqué pour fuir et nous avons dû faire demi-tour». (apic/cip/eda/pr)