Corruption et narcotrafic abordés par le pape François et le président Colombien
Le pape François et Ivan Duque, président de la Colombie, ont souligné l’importance d’un «dialogue constant» entre leurs deux Etats pour lutter contre la corruption et le narcotrafic, lors d’une audience privée le 22 octobre 2018, a annoncé un communiqué du Saint-Siège le même jour.
Au moment des salutations, le président colombien a confié son admiration et sa gratitude au pontife. Durant la rencontre d’une vingtaine de minutes, ont été évoquées les bonnes relations bilatérales entre les deux Etats. Les deux hommes ont mentionné en particulier la contribution du Saint-Siège et de l’Eglise locale dans le processus de paix et en faveur de la réconciliation du peuple colombien.
L’importance d’un «dialogue constant» entre l’Eglise est le gouvernement a été soulignée pour affronter les défis actuels rencontrés par toute la société : que ce soit la «protection de la vie, la lutte contre la corruption et le narcotrafic, ou encore la promotion de la légalité et la sauvegarde de l’environnement», précise le communiqué.
Deux ans après la signature d’un accord de paix mettant fin à plus de 52 ans de guerre civile avec les groupes paramilitaires des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le pays ne connaît pas encore la stabilité. Pas moins de 123 défenseurs des droits humains, dirigeants sociaux, défenseurs du droit à l’environnement et membres d’organisations communautaires autochtones ont été assassinés durant les six premiers mois 2018, rapporte l’Institut d’études pour le désarmement et la paix (Indepaz).
Par ailleurs, malgré cet accord de paix qui prévoyait également d’éradiquer les cultures illicites, les superficies plantées en coca sont passées dans le pays de 100.000 hectares en 2015 à environ 179’000 hectares en 2016, selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Forte vague migratoire venue du Venezuela
Le pape et le président colombien ont enfin eu un échange «fructueux» concernant la situation politique et sociale de la région, avec une attention spéciale sur les migrations. La Colombie est touchée par une forte vague migratoire issue de son pays voisin le Venezuela. Enlisé dans une grave crise économique, le Venezuela a perdu 2,3 million d’habitants en trois ans, dont la moitié sont en Colombie, des chiffres qui ne cessent de progresser selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Après cet entretien, le chef de l’Eglise catholique a reçu un livre sur la biodiversité en Colombie, ainsi qu’un ouvrage sur le centenaire de l’apparition de la Vierge de Chiquinquirà, patronne de la Colombie, vénérée par le pape François de sa visite dans le pays.
Le président lui a ensuite remis un hamac beige fabriqué par des artisans colombiens. «Nous savons que vous avez peu de temps pour vous reposer», a déclaré Ivan Duque. Ce à quoi le pontife a répondu : «Je vais faire ma sieste ici». Le Colombien a aussi offert du café «de grande qualité», «symbole de la transformation productive de notre pays».
Le successeur de Pierre a quant à lui donné au Colombien une médaille ornée de deux rameaux d’olivier, «qui unissent ce qui était séparé». «J’espère que vos mains seront comme ces deux branches afin d’unir la Colombie», a déclaré le pontife. L’évêque de Rome a également remis une copie de son message pour la Journée mondiale de la paix 2018, de son encyclique Laudato si’ (2015) et de ses exhortations Evangelii gaudium (2013), Amoris laetitia (2016) et Gaudete et exsultate (2018).
Le chef d’Etat colombien a ensuite été reçu par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin accompagné du sous-secrétaire pour les rapports avec les Etats, Mgr Antoine Camilleri. (cath.ch/imedia/ah/pp)