Les chefs musulmans proposent un observatoire de la laïcité
Côte d’Ivoire: 1’400 imams de mosquées adressent un mémorandum au pays
Abidjan, 16 août 2000 (APIC) Le Conseil supérieur islamique (COSIM) de Côte-d’Ivoire a proposé la création d’un Observatoire de la laïcité de l’Etat afin de garantir un traitement égalitaire à toutes les confessions religieuses du pays. Les 1’400 imams, qui forment ce conseil, estiment être lésés par les dirigeants ivoiriens auxquels ils demandent de mettre un terme à la politique d’interpellation systématique des dignitaires musulmans et les accusations publiques sans aucun fondement.
Dans un long document publié lundi 14 août par le quotidien gouvernemental ivoirien, «Fraternité Matin», 1’400 imams de mosquées, membres de la COSIM, ont également lancé un appel aux religieux et dignitaires religieux de toutes les confessions du pays, à tenir chacun dans sa mosquée, dans sa chapelle, dans son temple, un discours de rapprochement des consciences, et de respect de l’hospitalité légendaire de notre pays.
Une vive tension politique prévaut en Côte-d’Ivoire à un mois d’une élection présidentielle à haut risque, prévue pour le 17 septembre prochain. L’un des points de discorde de ce scrutin est la candidature, à la magistrature suprême, d’un musulman, Alassane Drahmane Ouattara, ancien président du défunt président Félix Houphouët Boigny, pour cause de nationalité «douteuse». Ces détracteurs affirment qu’il est burkinabé et qu’à ce titre, il a été pendant plusieurs années, représentant du Burkina-Faso au siège de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Cet établissement financier émet le franc CFA, une monnaie commune à 8 pays de l’Afrique occidentale: Bénin, Burkina-Faso, Côte-d’Ivoire, Guinée-Bissao, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
Ne pas «diaboliser l’islam»
Les autorités militaires ivoiriennes et certains hommes politiques du pays, soupçonnent les musulmans, majoritaires au sud, de prendre partie pour Ouattara. A ces dirigeants et personnalités politiques, le COSIM a demandé de ne pas tenir à leurs militants des propos susceptibles de «diaboliser l’islam et les musulmans». Pour éviter toute fausse information sur leur religion, les guides musulmans ont déclaré que les portes de l’organisation leur sont toujours ouvertes afin de dissiper tout éventuel malentendu.
Aux médias, le rassemblement islamique a suggéré de s’abstenir d’exacerber les tensions et les antagonismes entre les confessions, soulignant que la Côte d’Ivoire est déjà suffisamment traumatisée par les contradictions politiques, régionales et tribales et qu’il ne faut pas en rajouter. Selon lui, le combat à mener ensemble doit être celui autour de projets communs telles la lutte contre le sida, la moralisation de la vie publique, la formation spirituelle et morale des jeunes de Côte d’Ivoire, la lutte contre la pauvreté et la misère dans les hôpitaux publiques et l’action citoyenne. (apic/ibc/pr)